21 octobre 2022

La Charente : Des sources à l’estuaire, un fleuve source de vie et d’échanges !

            Dans un excès de romantisme avant la lettre, 
les Rois François 1er et Henri IV ont qualifié la Charente de : 
« Plus beau ruisseau du Royaume ! » 

La Charente proche de ses sources
dans le bourg de Chéronnac en Haute-Vienne
(Cliché JLEM)

            Les personnes qui résident dans le bourg de Chéronnac, celles venues pour l'évènement triennal « Jusqu'aux Sources... l'Huitre », ou encore celles qui découvrent ses abords bucoliques lors des randonnées et promenades guidées organisées par l'association « Les Amis de St-Eutrope et des Sources de la Charente » et surtout les passionnés de géographie, savent que la Charente y trouve son origine ! 

Vasque naturelle formant la source primaire
du Fleuve Charente
(Cliché JLEM)

            La commune de Chéronnac est une municipalité de la Communauté de communes Porte Océane du Limousin, elle est aussi située dans le Parc Naturel Régional Périgord-Limousin en Région Nouvelle Aquitaine 

            Le bourg de Chéronnac édifié autour d'une ancienne motte féodale sur laquelle a été construite son église romane, construite aux XIe et XIIe siècles pour les parties les plus anciennes de la nef, dont le choeur a été modifiée dans le style gothique au XIIIe siècle, le mur de façade fortifiée au XVe siècle et le choeur agrandie par des chapelles latérales au XVIIIe siècle, est un lieu emblématique de l'itinéraire historique et touristique, la « Route Richard Coeur de Lion ». 

            La Charente trouve non seulement sa source à Chéronnac, mais elle parcourt aussi les premiers kilomètres (km) de son périple sur le terroir de cette commune, dans le département de la Haute-Vienne, sur les pentes des collines de l'Ouest des Monts du Limousin

            Peu de personnes réalisent que lCharente, qui commence son cours comme un modeste ruisseau, est, de par sa longueur, le 7ème fleuve de France métropolitaine ! 

            Le modeste ruisseau, qui traverse sous la pancarte « Source de la Charente » le bourg de Chéronnac, est loin d'avoir déjà des allures de fleuve, il est néanmoins formé par l'écoulement de trois modestes sources. 

Panneau indiquant la Source de la Charente 
dans la traversée du bourg de Chéronnac
(Cliché JLEM)

La Charente : Trois modestes sources à la naissance d'un respectable fleuve ... 


            Les sources du Fleuve Charente sont situées dans le périmètre de l'Astroblème de Rochechouart-Chassenon ! 

            Elles jaillissent sur les versants d’un vallon, dont l'altitude s'échelonne entre deux cent quatre vingt dix et trois cent vingt mètres d’altitude (290 / 320 m au dessus du niveau de la mer)

            La source primaire, ou source haute, jaillit dans une déclivité de terrain, au milieu d'une vasque naturelle entourée de joncs. Elle est protégée par un bosquet touffu, principalement constitué d'aulnes, arbres localement appelés « vernhe », et de saules. Cette source haute est située dans une propriété privée, proche des bâtiments de l'ancienne ferme de « Chez Daniel ». 

            La source haute de la Charente se trouve à une altitude de deux cent quatre-vingt-quinze mètres (295 m au dessus du niveau de la mer). Ses coordonnés géographiques, exprimés en Degré:Minute:Seconde (DMS), sont : 𝜙 Latitude 45º45'21" Nord / 𝜆 Longitude 0º46'15" Est. 

Crête d'interfluve entre Charente et Vienne
(Cliché JLEM)

            Cette première source est proche d'une crête d'interfluve, matérialisée par un sommet de colline boisée, qui domine d'une altitude de trois cent vingt deux mètres (322 au dessus du niveau de la mer) et le paysage environnant et marque la séparation entre deux bassins fluviaux de la côte atlantique

            C'est en effet de part et d'autre de cet interfluve que se partagent les eaux de pluie entre le Bassin fluvial de la Loire, dont la Vienne est l'un des principaux affluents, et le Bassin versant de la Charente, lequel englobe la  proche Vallée de la Tardoire, dont le cours souvent impétueux en période pluvieuse traverse la commune de Chéronnac d'Est en Ouest. 

Bosquet entourant la Source haute de la Charente, 
petit vallon dans lequel elle coule, en arrière plan
maisons du bourg et mairie de Chéronnac
(Cliché JLEM)

            La vasque naturelle, dans laquelle s'écoule la source primaire de la Charente, garde son aspect serein pendant les périodes de sécheresse, de plus en plus fréquentes ces dernières années. 

            Lorsqu'il présente un débit normal, en période de pluviosité caractéristique du climat océanique altéré de la façade atlantique de la France, le ruissellement des eaux s'écoule dans un petit fossé marquant la rupture de pente, au centre du versant d'une colline qui s'élève au dessus du bourg de Chéronnac

            Ce premier ruissellement des eaux de la Charente, après avoir parcouru près de deux-cents mètres (200 m), est rejoint par l'écoulement d'un second ruisselet. Celui-ci provient d'un petit étang formé par des suintements d'eau, issus de la nappe phréatique, qui se rassemblent dans un creux de vallon au milieu d'une parcelle de terrain appelée « les Chômes du haut »

            Ces petits ruisseaux, dénommés « rius » en Dialecte Limousin de Langue d'Ocforment ensemble la première partie du cours supérieur de la Charente

Vallée de la Charente  
près du bourg de Chéronnac
(Cliché JLEM)

            Les eaux réunies des deux premiers ruisseaux descendent le faible versant sur une longueur d'environ trois cent soixante-quinze mètres (375 m) avant d'être rejoint par l'écoulement d'une troisième source !

            La troisième source de la Charente s'écoule dans un bassin aménagé, situé dans un petit parc paysager, créé sur l'initiative de la municipalité de Chéronnac au début des années 2000. Elle trouve en réalité son origine dans une source captée, située à quelques dizaines de mètres, en bordure d'un chemin rural, dans une parcelle de terrain appelée « le Coudert »

            Le bassin dans lequel s'écoulent les eaux en provenance de la troisième source de la Charente est constitué de grands blocs de roches granitiques (du type Leucogranites de Chéronac), au centre desquelles trône un bloc de couleur rouge-brun-rosé, constitué par un important fragment de brèche d'impact météoritique de type Montoume, dénommée « Suévite rouge » par les géologues.

Source aménagée de La Charente, 
dans le bourg de Chéronnac, en Haute-Vienne
(Cliché JLEM)

            Après avoir parcouru près de trois kilomètres (3 km) sur le territoire de la commune de Chéronnac, le cours du Fleuve Charente va ensuite traverser la commune de Videix, également située dans le département de la Haute-Vienneavant de faire son entrée, en peu en amont du Barrage de Lavaud, dans la commune de Pressignac, commençant ainsi la première partie de son parcours dans le département de la Charente

La Charente : un parcours sinueux découpé en cinq sous bassins... 


           La Charente parcourt une distance d'un peu plus de 381,4 kilomètres (km) de sa source jusqu'à son embouchure, au niveau de l'ancien Golfe des Santons, dans le Pertuis d'Antioche, en Charente-Maritime

            En ligne droite, la distance parcourue par le fleuve est seulement de 165 kilomètres (km), mais sa longueur est plus que doublée par ses nombreux méandres, qui ont modelé les paysages dans sa vallée. 

            Le Fleuve Charente traverse à l'époque contemporaine les départements de la Haute-Vienne, de la Vienne, de la Charente et de la Charente-Maritime, comme il traversait autrefois les anciennes provinces du Limousin, de la Marche, du Poitou, de l’Angoumois, de la Saintonge et de l’Aunis.

            Le Bassin versant du Fleuve Charente s'étend sur une superficie de 10.550 kilomètres carrés (km²), avec un total de 6.650 kilomètres de cours d’eau. 

            La Charente est l’épine dorsale d’un système hydrographique administrativement et géographiquement découpé en cinq sous bassins : 
« Charente amont » ; « Tardoire - Touvre » « Charente aval » « Boutonne » ; « Marais - Littoral ».

Le bassin du fleuve Charente et ses sous bassins hydrographiques
(Illustration d'après : EPTB Charente -modifié-)

            L'Établissement Public Territorial de Bassin Charente (EPTB Charente) a été créé en 1977 par les quatre Conseils généraux des départements de l'ancienne région Poitou-Charentes : Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres et Vienne

            L'EPTB Charente a pour mission de promouvoir la gestion de l'eau dans l'ensemble du Bassin versant de la Charente. Ceci est concrétisé par la réalisation d'études, de travaux et de mesures, permettant d'améliorer le régime hydraulique tant en période d'étiage qu'en période de crue, de retrouver et de maintenir la qualité de l'eau et des milieux aquatiques, ainsi que la mise en oeuvre de la valorisation touristique du fleuve et de ses affluents. 

La Charente : un fleuve au débit influencé par le climat ... 


            Le Bassin versant de la Charente bénéficie d’un climat doux et ensoleillé avec des précipitations modérées, entre 600 et 700 millimètres (mm) par an sur la côte et 900 millimètres à l’Est, dans la région de sa source. 

            Ces précipitations, ou l'absence de celles-ci, influencent le débit du fleuve, qui est faible en certaines saisons, bien que des crues hivernales soient relativement fréquentes entre Civray, dans le département de la Vienne, et Tonnay-Charente, dans le département de la Charente-Maritime

            Les crues les plus importantes de la Charente, recensées pendant les 40 dernières années, ont été celles de décembre 1982, de janvier 1994, de mars 2007 et de février 2021

            Lors de la crue du mois de février 2021, la hauteur maximale des eaux, mesurée sur l'échelle de hauteur d'eau du Pont Palissy à Saintes dans le département de la Charente-Maritime, était de 6,18 mètres (m). Elle était supérieure de 54 centimètres (cm) à la hauteur de la crue de 2007. 

Atlas des zones inondables (AZI) et
Plan de prévention des risques naturels inondation (PPRNI)
dans le département de la Charente

            La crue de février 2021, à durée une vingtaine de jours, elle était toutefois inférieure en amplitude aux crues de 1994 et 1982, qui avaient respectivement atteint les niveaux de 6,67 mètres pour la première et de 6,84 mètres pour la seconde. La hauteur d'eau en février 2021 place cette crue dans une fréquence vingtenaire, soit une probabilité d'inondation de 1/20 annuellement, pour la ville de Saintes

            En comparaison, en ce qui concerne les environs de la ville de Cognac, dans le département de la Charente, la probabilité de crue et d'inondation de cette amplitude est estimée revenir tout 15 ans (1/15). Alors que dans la traversée de la partie basse de la ville d'Angoulême, chef-lieu du département de la Charente, dans le quartier de l'Houmeau et celui de Saint-Cybard, la probabilité de crues et d'inondations importantes est estimée à une périodicité d'environ 13 ans (1/13). 

La Charente : affluents aux débits influencés par le sous-sol ... 

            De sa Source à Chéronnac, en Haute-Vienne, jusqu’à l’Estuaire près de Fouras, en Charente-Maritime, une trentaine d’affluents principaux viennent renforcer le cours du Fleuve Charente

            Le bassin du Fleuve Charente est caractérisé par des affluents dont l'origine est formée par des résurgences, ou sources intermittentes, alimentées par des écoulements d'eau issus du réseau de cavités d'un massif karstique

            Plusieurs affluents des deux rives du Fleuve Charente jaillissent d'une source d'origine karstique ! 

Sur la rive droite, le Fleuve Charente est rejoint par de nombreux affluents petits et grands, dont les principaux sont : 

            Le Transon, rivière longue de 22,4 kilomètres ; Elle arrose les départements de la Vienne et de la Charente

Pont médiéval sur la Charente, à Chatain, 
dans la traversée du département de la Vienne

            La Péruse ou Péruze, rivière longue de 23,9 kilomètres ; Elle prend sa source dans le département des Deux-Sèvres. Les pertes de cette rivière dans les terrains calcaires kartisques de la région de Ruffec, en Charente, alimentent les résurgences formant le Lien.  

            Le Lienrivière longue de seulement 2,5 kilomètres ; Elle nait à Ruffec, en Charente, elle est issue de fortes résurgences d'écoulements karstiques des eaux de la Péruse

            Le Ruisseau du Bief est long de 22,8 kilomètres ; Il prend sa source entre Empuré et Villefagnan et va rejoindre la Charente en amont du hameau de La Terne dans la commune de Luxé

            L'Aume ou Osme, rivière d'une longueur de 32,2 kilomètres ; Elle nait dans le département des Deux-Sèvres, près du bourg de Bouin, elle traverse la ville d'Aigre et va rejoindre la Charente en amont du bourg d'Ambérac

            L'Auge
 est une rivière au débit irrégulier, formée par la convergence de deux ruisseaux, le Sauvage et le Crachon ; Elle se divise en plusieurs méandres avant d'aller rejoindre la Charente en aval du bourg de Marcillac-Lanville

            Le Mosnac, aussi dénommé Ruisseau des Nodes, long de 8,4 kilomètres, traverse la commune de Genac-Bignac pour aller rejoindre la Charente en aval du bourg de Vouharte

            La Nouère, rivière longue de 25,8 kilomètres, prend sa source au nord du bourg de Rouillac. Elle traverse la commune de Saint-Cybardeaux et deux communes dont les noms sont dérivés de son hydronyme, Saint-Amand-de-Nouère et Asnières-sur-Nouère, pour aller rejoindre la Charente au Sud du bourg de Linars

            Le Ruisseau des Tapauds, long de 2,4 kilomètres, s'écoule dans la commune de Champmillon et va rejoindre la Charente en amont de l'Écluse de Monac

            La Guirlande, longue de 15 kilomètres ; L'origine de cette rivière est liée au jaillissement de plusieurs résurgences karstiques, qui ressortent en surface sur le territoire de la commune de Vaux-Rouillac, dans le département de la Charente.  

            La valéee de la Guirlande, dont le nom actuel serait une déformation du nom « Aiguerende », qui signifie « eaux frontalières » ou « eaux sur la bordure », formait autrefois, sous l'Ancien Régime, la limite naturelle entre les provinces de l'Angoumois et de la Saintonge !

Vignes dans la région de l'appellation Cognac 
(Illustration d'après : Bureau National Interprofessionnel du Cognac -modifié-)

            Le Ruisseau de la Tenaielong de seulement 5,7 kilomètres, nait dans la commune des Métairies, au Nord de Jarnac, sa source intermittente est issue de la résurgence de la nappe phréatique lorsque celle-ci atteint son niveau le plus élevé. 

            La Soloirerivière d'une longueur de 34,9 kilomètres ; Elle prend sa source en Charente-Maritime dans la commune de Neuvicq-le-Château, son cours est intermittent, comme ceux de ses affluents. 

            Le Fossé du Roi, ruisseau long de 4,6 kilomètres ; Il traverse les communes charentaises de Mesnac, Cherves-Richemont et Boutier-Saint-Trojan.  

            L'Antenne, rivière longue de 49 kilomètres ; Elle prend sa source près de Fontaine-Chalendray dans le département de la Charente-Maritime

            La partie amont du parcours de l'Antenne était nommée Chalendre sous l'Ancien-Régime, ce nom se retrouve dans le toponyme Fontaine-Chalendray, bourg près duquel cette rivière prend sa source près du hameau de La Garenne

            Après avoir traversé la ville de Matha, en Charente-Maritime, la Vallée de l'Antenne s'élargie en de nombreux bras, pour entrer dans le département de la Charente, à hauteur du bourg de Mesnac. Dans sa partie charentaise le cours de l'Antenne est alimenté par des petites sources ou résurgences qui  permettent, même en période de basses eaux, de garder un certain débit jusqu'à son confluent avec la Charente

            Le Coran est un ruisseau long de 10,6 kilomètres, qui fut initialement dénommé le Courant en raison du dénivelé important de son cours. Il prend sa source dans la commune de Brizambourg, en Charente-Maritime, et coule dans une vallée connue pour son riche patrimoine naturel et historique, au Nord-Ouest des terroirs de l'appellation AOC Cognac Fin Bois

            La vallée du Coran était déjà habitée à l'époque Paléolithique par les Hommes de Néandertal. Dans le site de l'abri sous roche de la Roche à Pierrot, à Saint-Césaire en Charente-Maritime, un squelette de femme néandertalienne, que les archéologues ont dénommée « Pierrette », daté d'environ - 40.600 ans avant le présent (selon les plus récentes études), a été mis à jour lors de fouilles archéologiques, il était associé à un faciès culturel Châtelperronien, qui marque la transition entre les cultures du Paléolithique Moyen et du Paléolithique Supérieur

            Le Bourruruisseau long de 9 kilomètres ; Il prend  sa source près du hameau de Chez Thoreau sur la limite entre les communes de Fontcouverte et La Chapelle-des-Pots, en Charente-Maritime ; Ses eaux sont grossies par celles du ruisseau des Fontenelles Le Bourru rejoint la Charente un peu avant le bief du Moulin de la Baine, en amont du bourg de Chaniers

            L'Escambouilleruisseau long de seulement 4,5 kilomètres, nait dans la commune de Fontcouverte et rejoint la Charente en amont du hameau de Port Berteau, sur la limite de la commune de Bussac-sur-Charente

            C'est en ces lieux que vécu et travailla le peintre Gustave Courbet lors de séjour en Saintonge en 1862 et 1863, où il réalisa le fameux tableau « La Charente au Port Berteau », représentant une femme assise au pied d'un arbre sur la berge du Fleuve Charente. Ce tableau de Gustave Courbet est aujourd'hui conservé au Fitzwilliam Museum de Cambridge, au Royaume-Uni.  

            Le Bramerit, rivière longue de 24 kilomètres ; Elle prend sa source dans la commune de Écoyeux, en Charente-Maritime, conflue avec la Charente entre Coulonge-sur-Charente et Saint-Savinien.  

            La Boutonne est une importante rivière longue de 98,8 kilomètres ; Elle nait dans le bourg de Chef-Boutonne, dans le département des Deux-Sèvres.

            La Boutonne est un des principaux affluent de la Charente, autant par son débit que par son apport hydrologique. Le bassin versant de la Boutonne s'étend sur une surface de plus de 1.327 kilomètres carrés (km²), il arrose quarante-et-une communes des deux départements de Charente-Maritime et de Charente

            La Devise, rivière longue de 35,6 kilomètres ; Elle draine en grande partie le Marais de Rochefort, son cours est grossie par les eaux de la Gères.  

Sur sa rive gauche, le Fleuve Charente est aussi rejoint par de nombreux petits ruisseau et rivières, dont voici les plus caractéristiques :  

            La Moulde, rivière longue de 18,1 kilomètres ; Elle est barrée, dans les commune charentaises de Massignac et Lésignac-Durand, par le Barrage du Mas Chaban formant une importante retenue d'eau de 176 hectares (ha) qui permet de réguler le débit du Fleuve Charente pendant les périodes d'étiage. 

Lac de Lavaud sur la haute-vallée du Fleuve Charente
aux limites des départements de la Haute-Vienne et de la Charente 
(Illustration d'après : EPTB Charente, Saintes -modifié-)

            La retenue d'eau du Barrage de Mas Chaban sur la Moulde, constitue avec la retenue d'eau crée par l'édification du Barrage de Lavaud, des réservoirs d'eau importants, servant à régulariser et à maintenir le débit du fleuve. Ces importantes retenues d'eau sont dénommés : Lacs de Haute-Charente.  

            La Lizonne, ruisseau long 15,7 kilomètres ; Il prend sa source dans la commune de Le Bouchage et se jette dans la Charente à Taizé-Aizie.  

            L'Argentor, parfois orthographiée Argent-Or, est une rivière longue de 28,9 kilomètres, née de la réunion de deux ruisseaux l'Argent et l'Or, dont les sources se trouvent dans la commune de Saint-Coutant.  

            Le Son-Sonnette, rivière longue de 9,8 kilomètres ; Elle est formée par deux rivières qui se rejoignent dans la commune de Ventousele Son, qui prend sa source près de Roumazières-Loubert, dans la communauté de communes des Terres de Haute-Charente, et la Sonette, qui prend sa source près de Saint-Laurent-de-Céris.  

            
La Bonnieure, rivière longue de 46,9 kilomètres, dont les eaux alimentent en partie les cavités du Karst de La Rochefoucauld. Elle prend sa source dans l'ancienne commune de Roumazières-Loubert, qui est aujourd'hui une commune déléguée de la commune nouvelle des Terres-de-Haute-Charente, qui est une des plus grandes entités de la Communauté de communes de Charente Limousine (dont la population totale est de 35.380 habitants). 

            La Bonnieure, est grossie, en période de pluviosité importante, par les eaux de la Tardoire, rivière longue de 114 kilomètres, qui prend sa source dans la commune de Pageas, et arrose les trois départements de la Haute-Vienne, de la Dordogne et de la Charente. Mais c'est seulement lors des crues que le cours de la Tardoire rejoint celui de la Bonnieure

Carte géologique simplifiée du département de la Charente
A : Socle paléozoïque granitique et schisteux
B : Jurassique inférieur / C : Jurassique moyen  / D : Jurassique supérieur
E : Crétacé supérieur / F : Éocène 
G : Oligocène-Miocène / H : Pliocène-Pléistocène 
I : Faille / J : Cours d'eau principaux 
1 : Faille d'Orgedeuil / 2 : Faille de l'Échelle / 3 : Faille de Saint-Ciers 
4 : Faille d'Aulnay / 5 : Faille de Matha / 6: Faille de Cognac 
K : Karst de La Rochefoucauld / L : Émergence de la Touvre 
CH : Chasseneuil-sur-Bonnieure / LR : La Rochefoucauld 
(Illustration d'après : BRGM -modifié-)


            Les eaux de la Tardoire et celles de son principal affluent le Bandiat vont alimenter, après un passage dans les profondeurs du Karst de La Rochefoucauld, l'importante Résurgence de la Touvre. En période de déficit pluvieux ou de sècheresse ces deux rivières, après avoir quitté le sol cristallin du début de leurs cours respectifs, disparaissent totalement dans les anfractuosités et gouffres du sous-sol karstique du Pays d'Horte et Tardoire, proche de la ville de La Rochefoucauld, en Angoumois, ce qui rend impossible le fonctionnement des moulins à eau en aval des bourgs de Montbron, sur la Tardoire, et de Marthon, sur le Bandiat.  

            Les collines calcaires qui bordent la moyenne Vallée de la Tardoire, en amont de La Rochefoucauld, ont été des lieux de prédilection pour les humains aux temps préhistoriques. Les archéologues y ont découverts, lors de fouilles réalisées dans de nombreux sites, des restes datés du Paléolithique moyen, caractérisés par un outillage lithique de type Moustérien, laissé par les Néandertaliens (Homo neanderthalensis), qui vécurent dans cette vallée entre - 200.000 ans et - 40.000 ans avant le présent (AP). 

            Les cultures archéologiques du Paléolithique supérieur, qui correspondent à l'arrivée des Homo sapiens (êtres humains modernes) en Europe, sont représentées par l'Aurignacien, le Gravettien, le Solutréen et le Magdalénien, qui se sont succédés entre - 43.000 ans et - 14.000 ans avant le présent (AP). 

Porche de la grotte de Montgaudier, 
Vallée de la Tardoire, près de Montbron

            Un bâton percé en bois de renne, daté d'environ - 15.000 ans avant le présent et lié au faciès culturel préhistorique Magdalénien, trouvé dans la Grotte de Montgaudier, près de Montbron, finement gravé en creux de représentations figuratives, présente sur une face deux phoques avec leurs poils, leurs moustaches et leurs yeux et un poisson de la famille des salmonidés, et sur l'autre face vraisemblablement deux anguilles. 

            La découverte, dans la Grotte de Montgaudier, près de Montbron, dans un lieu situé à environ 140 kilomètres de la côte Atlantique, d'un objet préhistorique, sur lequel figure des animaux marins, confirme l'ancienneté des relations très anciennes entre l'arrière pays et l'Estuaire du Fleuve Charente

Bâton percé en bois de renne, de l'Époque Magdalénienne, 
trouvée à Montgaudier, dans la Vallée de la Tardoire


            La Touvre, rivière longue de 11,7 kilomètres ; Elle a pour origine une résurgence complexe, les Sources de la Touvre, constituée de quatre résurgences : le Dormant, le Bouillant, la Font de Lussac et la Lèche

            Les résurgences de la Touvre surgissent aux pieds de la colline sur laquelle se dresse le château de Touvre, après que leurs eaux aient traversé l'ensemble du massif calcaire du Karst de La Rochefoucauld

            Le débit de la Touvre est égal à celui de la Charente avant leur confluent. Il contribue à rendre le Fleuve Charente navigable en toutes saisons en aval de la butte sur laquelle a été édifiée la ville historique d'Angoulême et au pied de laquelle se trouve les quais du Port fluvial de l'Houmeau

Le Bouillant, résurgence principale de la Touvre


            L'Angienne, ruisseau d'une longueur de 13,2 kilomètres ; Il prend sa source à environ 20 kilomètres à l'Est d'Angoulême. Sa vallée encaissée, aux parois calcaires formées à l'époque géologique du Crétacé, couvertes de buis et de chênes, percées de carrières de pierres, est enjambée par l'imposant viaduc de la rocade d'Angoulême-Est, qui donne par beau temps des belles perspectives sur la vielle ville, ses remparts et ses monuments. 

            Les Eaux Claires est un petit cours d'eau long de 13,7 kilomètres. 

            Les sources du ruisseau des Eaux Claires ont pour origine une série d'émergences, ou remontées, des nappes phréatiques au niveau de l'Étage géologique Coniacien  du Crétacé supérieur, qui confluent dans un fond de vallée marécageux, situé en contrebas du hameau de La Prévallerie, sur la commune de Dirac

            La vallée encaissée des Eaux Claires présente des similitudes avec celle voisine de l'Anguienne. Elle est aussi bordée par des hautes falaises formées à l'époque géologique du Crétacé, dont la flore est riche de nombreuses espèces méditerranéennes. Elle fut peuplée de longue date par les humains pendants les époques préhistoriques. Des grottes et abris situés près du hameau du Petit-Puymoyen furent habités par les hommes de Neandertal (Homo neanderthalensis). 

Falaises dans la Vallée des Eaux Claires

            La vallée des Eaux Claires, comme celles de l'Anguienne et de la Charreau, est classée Natura 2000. Cette vallée est aussi connue pour le site d'escalade situé sur la commune de Puymoyen, proche du Moulin du Verger

            Le Moulin du Verger, situé sur la moyenne vallée des Eaux Claires, est un des plus anciens moulins à papier artisanal du département de la Charente. Fondé en 1539, sous le règne du roi François 1er, il a été totalement reconstruit en 1635 par le marchant hollandais Deric Jansen. En 1761, le Marquis de Montalembert y fit installer un nouveau système dit de la pile hollandaise qui réduisait considérablement les opérations de défibrage et de déchiquetage des chiffons qui entraient dans la fabrication des papiers de qualité. Le Moulin du Verger, à Puymoyen est aujourd'hui toujours en activité, propriété privée, il est ouvert au public pour les visites. 

Cachet apposé sur l'emballage d'une rame de papier 
produite au Moulin du Verger, à Puymoyen, vers 1697

            La Charreau, rivière d'une longueur de 17,4 kilomètres ; Elle arrose le département de la Charente au Sud d'Angoulême et suit un cours parallèle à ceux des vallées de l'Anguienne et des Eaux Claires. La Charreau a deux affluents : le ruisseau de la Fontaine de Quatre Francs, long de 2,1 kilomètres, et le ruisseau de la Fontaine du Roc, long de 1,3 kilomètres, qui naissent l'un et l'autre dans la commune de Mouthiers-sur-Bohëme

            La commune de Mouthiers-sur-Bohëme, située au Sud d'Angoulême, est connue pour l'Abri sous-roches de la Chair à Calvin, dans lequel se trouve une frise sculptée sur une parois calcaire figurant des chevaux sauvages, qui date de l'Époque Magdalénienne, entre - 18.500 et - 18.000 ans avant le présent (AP). 

Frise sculptée de l'abri sous roche de la Chaire à Calvin, 
datant de l'Époque Magdalénienne, 
vers - 18.000 ans avant présent (AP)

            La Boëme, est une rivière qui coule dans la moitié Sud du département de la Charente, dont le nom était autrefois orthographié Boême ou Bohème. Son cours est long de 23,1 kilomètres. Elle prend sa source au Sud-Ouest du bourg de Chadurie,  dans une région géologique constituée par le cinquième étage stratigraphique du Crétacé supérieur, le Campanien, daté entre - 83,6 millions d'années (Ma) et - 72,1 millions d'années (Ma). 

            Le , prend sa source sur le territoire de la commune de Bécheresse, à une altitude de 160 mètres. Cette rivière parcourt une distance de 66,1 kilomètres entre sa source et son embouchure sur la Charente face au village de Merpins Vieux Bourg, au lieu-dit le Port du Lys, à une altitude de 4 mètres. 

            Le  délimite en partie la ligne de séparation entre deux appellations d'origine contrôlées du Cognac (AOC Cognac), la Grande Champagne au Nord et la Petite Champagne au Sud. 

            La Seugne, rivière longue de 83,3 kilomètres, prend sa source près de Montlieu-Lagarde. Elle coule dans le département de Charente-Maritime et traverse les villes de Jonzac et de Pons, avant de se séparer en plusieurs bras à l'approche de son confluent avec le Fleuve Charente, au Sud-Est de la ville de Saintes, dans un paysage parfois appelé Delta de la Seugne

            L'Arnoult, prend sa source au Sud-Ouest de la ville de Saintes, au lieu-dit La Fontaine de Révillés. Son parcours d'une longueur de 40,5 kilomètres se déroule en partie dans ce qui était un ancien bras de mer dans l'Antiquité tardive

            La vallée de l'Arnoult est connue pour ses cultures maraîchères, en particulier celles des haricots blancs charentais : la mojhéte. Cette appellation vient du Dialecte Saintongeais et est souvent francisée en mogette. Cette sorte de haricots blanc de l'espèce Phaceolus vulgaris est aussi connue sous le nom de Rognon de Pont-l'Abbé d'Arnoult

Mojhéte (haricots blancs) à la charentaise 


Le Fleuve Charente, liaison entre villes, villages et paysages ... 


            Bien que la majorité du parcours du Fleuve Charente se déroule dans une vallée verdoyante, dans laquelle la « ruralité » prédomine, ses eaux arrosent plusieurs villes moyennes et communautés de communes des départements traversées. 

            Quatre municipalités relativement importantes du département de la Vienne sont traversées par la Charente Charroux ; Savigné ; Saint-Pierre-d'Exideuil ; Civray, chef-lieu de canton et ville principale de la Communauté de communes du Civraisien en Poitou (dont la population totale est de 27.410 habitants). 

Civray, département de la Vienne
vue ancienne du barrage sur la Charente (carte postale) 

            Plusieurs municipalités de moyenne importance et agglomérations du département de la Charente sont arrosées par le Fleuve Charente

            Après avoir à nouveau fait son entrée dans le département de la Charente, à proximité de la commune de Taizé-Aizie, le fleuve coule dans la commune de Verteuil-sur-Charente, dont le bourg d'origine médiévale est un des centres d'activité de la Communauté de communes Val de Charente (dont la population totale est de 13.841 habitants).

            Le parcours du Fleuve Charente se poursuit ensuite et passe à Mansle, chef-lieu de canton et ville de la Communauté de communes Coeur de Charente (dont la population totale est de 21.979 habitants). 

            La vallée, qui s'est beaucoup élargie après Mansle, rejoint, après être passée à proximité de Marcillac-Lanville, les deux communes de Montignac-Charente et de Vars, aussi rattachées à la Communauté de communes Coeur de Charente, et au Canton de Boixe-et-Manslois

Montignac, sur la Charente,
bief du moulin, quais et pont sur le cours principal du fleuve 

            Le fleuve traverse ensuite plusieurs communes périurbaines rattachées à la Communauté d'agglomération du Grand-Angoulême (dont la population totale est de 141.776 habitants) : VindelleBalzac, Saint-Yrieix-sur-Charente, Gond-PontouvreSaint-MichelFléacNersac et Sireuil. 

            La Charente forme ensuite une longue boucle au pied du promontoire sur lequel a été édifiée la ville d'Angoulême, une des principales agglomérations sur le cours du fleuve, qui est aussi le chef-lieu et la préfecture du département de la Charente. 
 
            Les communes de Châteauneuf-sur-Charente, Mosnac-Saint-SimeuxSaint-Même-les-Carrières, Mainxe-GondevilleBourg-Charente, Saint-Laurent-de-Cognac et Merpins, ainsi que la ville de Jarnac, sont rattachées à la Communauté d'agglomération du Grand-Cognac (dont la population totale est de 69.283 habitants). 

            La ville de Jarnac est elle même chef-lieu de canton et ville natale du président François Mitterand. Elle est aussi le siège de grandes maisons de négoce du cognac, tel Courvoisier SAS, Thomas Hine & Co, Delamain Cognac, J.G. Monnet & Co, et bien d'autres...  

Jarnac, quais, pont sur la Charente et bâtiments 
du siège de la Maison des cognacs Courvoisier SAS 

            La ville de Cognac, labellisée « Ville d'art et d'histoire », est aussi la principale sous-préfecture du département de la Charente, où l'on trouve les grandes maisons de cognac, et où les quais étaient autrefois le point de départ des exportations des spiritueux vers la clientèle du Nord de l'Europe et des Amériques

Cognac, quais sur la Charente, ancienne porte de ville, 
et bâtiments de la Maison de cognac Hennessy 

            Plusieurs villes et communes de moyenne importance du département de la Charente-Maritime sont liées, de part leur situation et leur histoire, au Fleuve Charente

            Les communes de Chaniers, Les Gonds, Fontcouverte et Bussac-sur-Charente, sont rattachées à la Communauté d'agglomération de Saintes (dont la population totale est de 59.760 habitants).  

            La ville de Saintes, labellisée « Ville d'art et d'histoire » est riche de ses monuments gallo-romains et moyenâgeux. Deuxième ville du département de Charente-Maritime, avec une population d'environ 26.000 habitants, Saintes est aussi la plus importante sous-préfecture et le chef-lieu judiciaire départemental. 

            Le monument le plus emblématique de la ville antique de Saintes, dont le nom était  « Mediolanum Santonum » à l'époque romaine, est un arc monumental romain, dit Arc de Germanicus

            Cet arc routier imposant, qui s'ouvrait à la circulation par l'intermédiaire de deux grandes baies permettant le passage des chariots antiques et des voyageurs à pied, fut érigé en l'an 18 et 19 après J.C. par « Caius Julius Rufus », un noble et riche gallo-romain de la cité des Santons. Il fut construit en l'honneur de l'Empereur romain Tibère (Tiberius), de son fils Drusus et de son neveux et fils adoptif Germanicus, qui a donner son nom au monument. 

            L'arc antique dit Arc de Germanicus, situé aujourd'hui Place Bassompierre à Saintes, marquait à l'origine l'entrée de la ville gallo-romaine de « Mediolanum Santonum », capitale antique de la province romaine des Santons qui deviendra au Moyen-âge la Saintonge, en avant du pont romain permettant de franchir la Charente. Il se trouvait à l'arrivée de la Voie romaine, dite « Via Agrippa », menant de Lyon à Saintes (Lugdunum à Mediolanum Santonum). 

Arc de Germanicus, construit en l'an 18 après J.C. 


            Le bourg de Taillebourg est construit en deux parties distinctes, l'une sur l'éperon rocheux dominant la vallée de la Charente, où s'élèvent les restes de l'ancien château, l'autre établie le long du fleuve, où s'était développer un port fluvial, attesté dès le Moyen-âge. 

            La commune de Port-d'Envaux est connue par le site des « Lapidiales », proche des anciennes Carrières de Crazannes, et qui accueille depuis 2001 des artistes sculpteurs, venus du monde entier pour tailler leurs oeuvres directement sur les parois rocheuses calcaires. 

            La commune de Saint-Savinienlabellisée « Village de pierres et d'eau », est traversée par le Fleuve Charente et trois autres cours d'eau : le Bramerit, le Bertet et le Charenton

            La population de Religion Réformée était autrefois très nombreuse à Saint-Savinien, le Temple protestant actuel, édifié sur un terrain bordant le Quai Claude Quessot, est le troisième édifice dédié au Culte protestant construit à Saint-SavinienLe cimetière protestant de Saint-Savinien est considéré comme la plus importante nécropole de la région protestante de l'Ouest de la France

Cimetière protestant de Saint-Savinien


            Le territoire de la commune de Bords est bordé au Sud par le cours de la Charente. Plusieurs toponymes anciens, « Port la Pierre »« le Port Brunet », sont les témoins de l'activité autrefois importante sur Fleuve Charente, sur lequel les gabares ont permis pendant des siècles de transporter toutes sortes de marchandises et de matériaux vers Rochefort et de faire remonter vers l'amont les productions de l'estuaire et des côtes charentaises, tel le sel marin, les huitres et les produits de la pêche dans l'Océan Atlantique

            La rivière la Boutonne rejoint le Fleuve Charente, sur le site de Carillon, situé sur le territoire de la commune de Cabariot

            Le Barrage de Carillon, situé sur la commune de Cabariot, à l'Est du proche village de Le Fléau et à environ un kilomètre en amont du confluent entre la rivière et le fleuve. Il est caractérisé par trois travées et vannes mobiles, qui permettent de réguler le débit de la Boutonne et dans la dernière de son cours, où la hauteur d'eau est influencée par les marées qui remontent depuis l'estuaire de la Charente

            La hauteur de la retenue d'eau au niveau du Barrage de Carillon est d'environ deux mètres cinquante (2,5m) à marée basse, l'effet des marées se faisant sentir jusqu'à la partie aval du barrage. 

            Lors de la crue exceptionnelle de décembre 1982, le Barrage de Carillon fut totalement submergé. Seules les structures métalliques au dessus des vannes de régulation des eaux, ayant alors perdu leur fonction, sont restées visibles au dessus du niveau maximal de la crue. Un repère de crue est placé sur les structures métalliques du barrage, sur le côté où il est accessible par la route.  

Barrage de Carillon, sur la Boutonne 

            La jonction avec l'ancien Canal de la Charente à la Seudre se trouve sur la rive gauche du fleuve, dans la commune de Saint-Hippolyte. Ce canal est aussi appelé Canal de la Bridoire. Long de vingt sept kilomètres (27km), il permettait autrefois la jonction par bateaux entre la Charente et la Seudre, fleuve côtier dont l'estuaire rejoint l'Océan Atlantique dans le Pertuis de Maumusson

            Le Canal de la Charente à la Seudre a été à l'origine conçu pour relier la ville de Rochefort-sur-Mer, qui était sous l'Ancien Régime l'Arsenal maritime Royal le plus important de France, et la place forte de Brouage, ancien port de commerce du sel et aussi port de guerre catholique et Royal, destiné à concurrencer la place forte Huguenote de La Rochelle

            La ville de Tonnay-Charente, située dans une boucle de la Charente, est divisée en ville haute et ville basse. Celle-ci s'est développée en relation avec l'activité de son port fluvial, qui prospéra au milieu du 19e siècle avec l'essor du négoce des eaux-de-vie charentaises et du cognac. 

            Le Port fluvial de Tonnay-Charente est situé à vingt sept kilomètres (27km) de l'embouchure du Fleuve Charente, au lieu de rupture de charge (déchargement et transfert des marchandises) entre le trafic maritime et le trafic fluvial. 

 Pont suspendu de Tonnay-Charente (daté de 1842) 
             

            Historiquement actif depuis le 12e siècle, le trafic du Port fluvial de Tonnay-Charente connu des périodes difficiles au 14e et 15e siècles, mais les échanges maritimes reprirent au 16e siècle et furent durablement stimulés aux17e et 18e siècles par les contacts commerciaux avec l'Angleterre, puis avec les villes Flamandes, par l'intermédiaire du port de Brugge

            Les échange maritimes vers le Nord de l'Europe furent intensifiés par les contacts avec les ports et villes de la Ligue Hanséatique (Hansestädten, en Allemand), et surtout par les exportations vers les villes Zélandaises, via le port de Flessingue (Vlissingen, en néerlandais), et surtout vers les villes Hollandaises, principalement par les contacts avec les ports de Rotterdam et d'Amsterdam. 

            L'apogée du Port fluvial de Tonnay-Charente fut atteinte dans la seconde moitié du 19e siècle. Aujourd'hui l'activité portuaire a fortement diminuée, malgré qu'il ait été intégré dans le complexe portuaire de Rochefort-Tonnay-Charente. Cependant, les quais en pierre du Port de Tonnay-Charente sont aujourd'hui encore en mesure d'accueillir des navires de haute mer de cent vingt mètres de long (120 m) et d'un tirant d'eau maximal de six mètres cinquante (6,5 m).

            Rochefort, aussi appelé Rochefort-sur-Mer, est le siège et centre principal de la Communauté d'Agglomération Rochefort Océan (dont la population totale est de 63.480 habitants). 

            Aussi appelée la Cité de Colbert, la fondation de la ville de Rochefort, au 17e siècle, a pour origine l'implantation en 1666 d'un arsenal maritime et militaire, destiné à la marine de guerre royale, dont l'ambition de ses créateurs était d'en faire le plus grand et le plus beau du Royaume de France

            La ville de Rochefort a hérité de ce passé prestigieux un patrimoine urbain exceptionnel, qui lui a valu d'être labellisée « Ville d'art et d'histoire », des sites emblématiques tel la Corderie Royale et les bâtiments annexe dont la construction débuta en 1666, ainsi que les formes de radoub attenantes construites à différentes époques au 17e et 19e siècles, la Maison du Roi qui est l'ancienne préfecture maritime édifiée en 1716 et plusieurs fois remaniée, la Tour des signaux de 1728, le magasin aux vivres construit en 1671 et 1673, le château d'eau de 1876 et le Pont transbordeur du Martrou qui fut inauguré en 1900 et vient d'être récemment restauré, sont des atouts touristes incontournables. 

            
La ville et l'arsenal de Rochefort sont aussi les lieux d'origine de l'Hermione, la Frégate de la Liberté !

            L’Estuaire du Fleuve Charente débute en aval de la ville de Rochefort-sur-Mer, où les eaux douces charriées par le fleuve se mélangent à l’eau de mer en fonction des débits du fleuve, ainsi que de la hauteur et du coefficient des marées. 

            L'amplitude des marées est relativement importante dans l'estuaire, où la différence entre les basses et hautes eaux atteint en moyenne six mètres cinquante (6,50 m), elle est encore de cinq mètres quarante (5,40 m) à Rochefort. Cependant le pont-barrage de Saint-Savinien atténue fortement les effets des marées, qui n'ont plus qu'une amplitude de quatre vingt centimètres (0,80 m) à Taillebourg et de dix huit centimètres (0,18 m) à Saintes


Le Charente : Fleuve navigable, chemin d'eau et de vie ... 


            La Charente était facilement navigable et elle fut utilisée dès la Période Néolithique pour le transport des personnes et des vivres, ceci est confirmé par les découvertes archéologiques de pirogues monoxyles, autrement dit taillées dans un seul tronc d'arbre, telle celle découverte à Bourg-Charente en 1979, datée d'environ - 3.000 ans avant notre Ère.

            Pendant la protohistoire, au Second Âge du fer, la Charente servit au transport du sel, grâce au petit gabarit des embarcations de l'époque.

            Les embarcations à fonds plats, d’un gabarit suffisamment important pour transporter des charges plus lourdes, furent utilisées à la Période Gallo-romaine pour les transbordements des marchandises et denrées, autant de l’amont vers l’aval qu’en remontant le Fleuve Charente

            Des lieux de stockage du sel, véritables entrepôts, sont attestés à la Période Gallo-romaine à Merpins (appelé Marpisium au Haut Moyen-âge) et Croin, près de Cognac


Pont romain sur la Charente dans la ville 
gallo-romaine de Mediolanum Santonum (Saintes)


            Cette tradition de petite batellerie, transportant sel et matériaux, fut perpétuée sur le Fleuve Charente au Moyen-âge.

            La navigation moyenâgeuse est confirmée par la découverte de l'épave d'Orlac, en Charente-Maritime, datée de la première moitié du 11e siècle et fouillée de 1987 à 1988. Cette grande barque, longue de 15,50 m et large de 2,10 m, possédait une architecture de type monoxyle-assemblé, avec des caractéristiques originales appropriées à la navigation sur la Charente.

            Les chargements de sel de mer transitèrent pendant tout le Moyen-âge le long du Fleuve Charente, car celui-ci était navigable de son embouchure jusqu'à la ville d’Angoulême, et même jusqu’à Montignac-sur-Charente et Marcillac-Lanville dans les périodes de fortes eaux. 

            Dès le 12e siècle des barques plates, appelées gabares, naviguaient sur le Fleuve Charente et amenait le sel, produit dans les marais salants des côtes de Saintonge, vers les grands ports saulniers de Saintes, de Cognac, et d'Angoulême

            Le sel qui transitait par les ports saulniers établis sur la Charente était principalement destiné au usages domestiques des habitants de trois provinces :  la Saintonge, l'Angoumois et le Limousin

            Une ordonnance royale, datée de 1280, confirma la construction de quais au Port de l'Houmeau, situé dans un méandre du fleuve au pied des remparts de la ville d’Angoulême. C'est aussi des quais de ce Port de l'Houmeau que partaient les marchandises, transportées sur les gabares, qui étaient destinées à l'arrière pays des hautes terres charentaises. 

            Le commerce fluvial sur la Charente s’accentua après l’Époque de la Renaissance, aux 17e et 18siècles, pour trouver son apogée au 19e siècle.

Gabares charentaises sur la Charente, 
amarrées sur les quais du port fluvial de Cognac


                  C’est pendant le Second Empire que la batellerie charentaise commence à sentir la concurrence du rail, suite à la construction de lignes de chemins de fer par la Compagnie des chemins de fer des deux Charentes. La ligne entre Rochefort et Saintes est ouverte en avril 1867, celle entre Saintes et Cognac en mai 1867 et celle entre Cognac et Angoulême en octobre 1867. Cependant les gros transports de marchandises continuèrent à se faire sur le Fleuve Charente jusqu’au début du 20e siècle.

            C’est aussi pendant le Second Empire, sous l’impulsion décisive de Napoléon III, que la mise en culture de l’huître se structura réellement. Les acteurs de la filière ostréicole mettront en œuvre les bases d’une ostréiculture moderne et détermineront avec les autorités préfectorales l’organisation concertée de l’exploitation du domaine maritime.

            Avant la construction des lignes de chemin de fer, qui reliaient les villes de la Côte Atlantique Saintongeaise avec les villes de Saintes, d’Angoulême et de Limoges, la majorité des transports sauniers et mareyeurs furent fait sur le Fleuve Charente, la navigation des gabares charentaises, entre Angoulême et Rochefort, contribua à la renommée du Port de l'Houmeau.

            Le Port de l'Houmeau à Angoulême devint, pendant les 18e et 19e siècles, une plaque tournante du commerce des produit de la mer, qui remontaient de l’embouchure sur des gabares qui charriaient principalement le sel et les poissons, mais aussi en saisons automnale, hivernale et printanière, les moules et les huitres du Bassin de Marennes-Oléron.  

Bourriche d’huitres de claires de Marennes-Oléron


            Les ports fluviaux sur le Fleuve Charente furent depuis le Moyen-âge jusqu’au 19e siècle des point de passage obligés pour le transport des marchandises et des denrées. Ainsi les ports de Cognac et de Jarnac virent passer bon nombre de tonneaux et de flacons d’Eau de vie et de Cognac qui partaient ensuite, depuis les ports de la Côte Atlantique vers l’Angleterre, les Pays-Bas et les Amériques.

            De même un grand nombre de commandes de papiers de qualité, qui étaient produits dans les moulins à papier de l’Angoumois, et étaient destinés aux imprimeurs des Pays-Bas, tel le Vélin d’Angoulême, transitèrent par le Port de l'Houmeau à Angoulême.

            Le Port de l'Houmeau fut aussi le point d’embarquement des produits des forges de la région de Chéronnac et des vallées de la Tardoire et du Bandiat, dans l’actuel Parc Naturel Régional Périgord-Limousin, qui écoulaient leur productions de fer à la Fonderie Royale devenue Fonderie Nationale de Ruelle sur Touvre, spécialisée dans la fabrication des canons de marine destinés à l’Arsenal de Rochefort et à la marine nationale !  

Embarquement d’un canon de la Fonderie Nationale de Ruelle,
sur le Quai de Port l’Houmeau à Angoulême


Bibliographie succincte :  

            « Les villes moyennes du fleuve Charente. Évolution historique et économique depuis l'Antiquité » ; par Roger RENARD ; Publié dans : Norois, n°159 ; Édition : Juillet-Septembre 1993 ;

            « Mises à jour des manuels d'onomastique » ; Publié dans : Nouvelle revue d'onomastique, n°21-22 ; Édition : 1993 ;

            « Préhistoire de la Charente – Les temps anté-historiques en Angoumois à travers les collections du Musée d’Angoulême » ; par André DEBENATH et Jean-François TOURNEPICHE ; Édition : GERMA ; Publication : 1993 ;

            « Le bassin versant de la Charente : une illustration des problèmes posés par la gestion quantitative de l'eau », par Christian BRYA et Paul HOFLACKB, de l’INRA ; Publié dans : Courrier de l’environnement de l’INRA, n°52 ; Édition : Septembre 2004 ;

            « Navigation et ports fluviaux dans la moyenne Charente, de l'Antiquité tardive au XIe siècle d'après l'archéologie et les textes », par Jean CHAPELOT et Éric RIETH ; Publié dans : Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public ; Numéro thématique : Ports maritimes et ports fluviaux au Moyen Age ; Édition : 2004 ;


Cette publication, « La Charente : de la source à l’estuaire, un fleuve source de vie et d’échanges ! », a été initiée par l’association Les Amis de Saint-Eutrope et des Sources de la Charente et la Mairie de Chéronnac, en Haute-Vienne, dans le Parc Naturel Régional Périgord-Limousin, Région Nouvelle Aquitaine.
Auteur : J-L.E. Marcillaud © 2022
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