La mention la plus anciennement connue de la Charente est due à l’astronome, mathématicien, astrologue et géographe grec Klaúdios Ptolemaîos, connu aussi sous le nom latin de Claudius Ptolemaus, plus communément appelé Ptolémée, qui vécu entre 90 et 168, qui dans son ouvrage « Geographike Hyphegesis », publié vers l’an 150 de notre Ère, désigne cet important cours d'eau sous le nom grec de Κανεντελος (Kanentelos).
La plus ancienne mention connue en langue latine de la Charente est « Carantonus », elle remonte au 4e siècle et se trouve dans un vers du poète latin et gallo-romain Decimus Magnus Ausonius (Ausone), né vers 309 et décédé vers 395, qu'il décrivait en ces termes : « Santonico refluus non ipse Carantonus aestu ».
Decimus Magnus Ausonius (Ausone)
Au 5e siècle, le géographe et navigateur grec Markianòs Hērakleṓtēs, dénommé Marcianus Heracleënsis en latin, dans son ouvrage « Periplus maris exteri » (Périple de la mer extérieure) désignait la Charente sous le vocable de Canentelos.
Au 9e siècle, le Fleuve Charente est décrit sous le vocable de « Fluvium Karantonæ » dans un diplôme rédigé vers 817, sous le règne de Louis le Pieux dit Louis le Débonnaire (778-840), Roi d'Aquitaine (781-814) et Empereur d'Occident (814-840).
Au cours de ce même 9e siècle, le Fleuve Charente est nommée « Carantino fluvio » dans un diplôme établi en 848, sous le règne du Roi Pépin II d'Aquitaine, né vers 823 et décédé après 864, concernant des droits accordés à l’Abbaye de Saint-Maixent en Poitou : « discurrere quite atque regredi secure in Carentino fluvio ».
L’origine du nom Carantonus, devenu Charanta dans la Langue occitane médiévale, se perd dans la nuit des temps, bien avant l'Antiquité ou le Haut Moyen-âge et la signification de la racine étymologique ne fait pas l’unanimité parmi les spécialistes de l’histoire linguistique et les archéologues, il existe plusieurs théories des origines du non Charente.
Selon Léon Faye (1810-1855), Membre de la Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure, le nom Charente serait issu des mots Gaulois « car » ou « caran », signifiant la beauté des eaux, et « ton » désignant la profondeur de son lit.
Ceci aurait donné le nom « Caranton » qui, combiné au suffixe latin « us », correspond au nom « Carantonus » mentionné par le poète latin et gallo-romain Ausone au 4e siècle.
« Carentonus » gardien des eaux du Fleuve Charente
Selon le linguiste Pierre-Yves Lambert, spécialiste de l'étymologie des langues celtiques et auteur du Dictionnaire de la Langue gauloise, le mot « Carantonā » serait un vocable qui découle de « Carantō », issu du celte « carat », duquel est dérivé le mot gaulois « karant » : ami ou aimé.
Le fleuve Charente serait donc « Le cours d'eau ami » ou encore « Le fleuve aux eaux plaisantes », à cause de son cours lent et paisible, dans la partie principale de la vallée.
Il est généralement admis que l’hydronyme « CAR », qui constitue la première partie du nom latin de la Charente aurait une origine pré-celtique.
Ce serait cette origine pré-celtique du nom « CAR « , qui, combinée avec le suffixe « ONNA », aurait plus tard donné le nom « CARANTONA », qui pourrait-être liée à une proto-écriture apparue dans le Bassin de la Charente à la Période du Bronze Final III, vers 900 avant notre Ère.
Le Fleuve Charente fut, selon les écrits en latin médiéval, tour à tour, dénommé : « Karrantona » en 872 ; « Fluvium Cerantonia » en 951 ; « Carentaneum flumen » en 961 ; « Fluvium Cherantonia » en 968 ; « Fluvium Carantonis » en 1017 ; « Fluvium quod Karanta dicitur » en 1039 ; « in flumine Carante » en 1048 ; « Fluvium Quarantonem » en 1071 ; « in alveo Carantonis fluvii et aquam nomine Karantem » en 1080 ; « Charantam » en 1100 ; « in flumine Caranta apud sanctonas » en 1112 ; « in omnibus aquis nostris de Charanta » en 1166 !
La Charente : Un fleuve aux limites des parler régionaux d'Oc et d'Oïl ...
La Charente coulait autrefois pour la totalité de son cours dans l’aire de la Langue occitane, mais l’évolution linguistique provoquée par les repeuplements des campagnes charentaises après la Guerre de Cent Ans fut telle que le fleuve serpente aujourd’hui dans des terroirs ou les dialectes de Langue d’Oc et de Langue d’Oïl s'interfèrent, dans quatre régions dialectales distinctes !
Limites des parlers d’Oïl (Poitevin et Saintongeais)
et d’Oc (Limousin) et du Croissant Marchois
La première région dialectale traversée par le Fleuve Charente appartient au Dialecte Limousin de Langue occitane, elle va de la source de la Charente, à Chéronnac en Haute-Vienne, jusqu’à Ambernac, au Nord-Est du département de la Charente.
La seconde petite région dialectale, rencontrée entre Ambernac et Benest, est celle du Dialecte Marchois, qui forme une zone de transition linguistique entre la Langue d'oc et la Langue d'oïl, ce dialecte ayant toutefois d’importants caractères du Dialecte occitan limousin.
La troisième région dialectale rencontrée est celle du Dialecte Poitevin où Pouétevin au travers duquel le Fleuve Charente passe en arrosant le Civraisien, dans la Vienne, et le Ruffécois, au Nord du département de la Charente.
Après la région de Mansle, ville de la Communauté de communes Coeur de Charente, le cours du Fleuve Charente entre définitivement dans le Domaine dialectal Saintongeais, dans lequel il coule jusqu'à son embouchure en aval de Rochefort-sur-Mer, en Charente-Maritime.
La Charente est appelée Charanta dans le Dialecte limousin de la Langue occitane et Chérente en Dialecte saintongeais.
Cette publication, « La Charente : Un fleuve entre dialectes de langue d'Oc et de langue d'Oïl... », a été initiée par l’association Les Amis de Saint-Eutrope et des Sources de la Charente et la Mairie de Chéronnac, en Haute-Vienne, dans le Parc Naturel Régional Périgord-Limousin, Région Nouvelle Aquitaine.
Auteur : J-L.E. Marcillaud © 2022
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