Après 150 ans de bons et loyaux services, la cloche, paroissiale et communale, de l'église des Salles-Lavauguyon commençait à présenter quelques signes de déficience mécanique et sonore.
Ceux-ci se manifestaient entre autre par une usure de la cloche sur sa face intérieure, provoquée par les coups répétés du battant lors de la sonnerie des heures et de celles des cérémonies. Le son un peu « fêlé » de cette cloche annonçait la présence de quelques fissures qui risquaient de lui être à la longue fatales.
Afin d’apporter les réparations et renforcements nécessaires à prolonger sa vie et son usage il était impératif de la déposer, c'est-à-dire de la démonter de son support en charpente et de la descendre du clocher en la faisant passer par l’orifice aménagé au centre de la coupole par les bâtisseurs.
Comme nous venons de le voir, la cloche de l'église des Salles-Lavauguyon date de 1861, mais cette fabrication n’était pas la première fonte de cloche qu’avait connu le sanctuaire paroissial, puisque la fonte celle-ci, au Second-Empire, avait consisté en une refonte du bourdon précédent.
L’épigraphe est composée en lettres majuscules de type romain et se déchiffre comme ceci : « REEFONDUE EN 1861 Mrs JH FAURE MAIRE ET Ld VERNADEAU CURE », une simple croix stylisée est intercalée dans le texte qui continu en précisant, « PARRAIN Mr L DELACROIX DE FLAVILLE ». Cette première ligne se termine sur son point de départ, c'est-à-dire le poignet de la main stylisée.
Le troisième et dernier bandeau de l’inscription se lit comme les deux précédents à partir d'une main stylisée, le texte se poursuivant ainsi : « PAR Mme Fse LONGEAU LAGRANGE SA GRAND MERE ». Cette dernière partie de la citation se termine sans signe particulier, et ne fait pas non plus le tour complet de la cloche comme les lignes de texte précédentes, puisqu’un intervalle important sépare la lettre E de la main stylisée.
La base de la cloche est ornée sur une face par une représentation symbolique d’un Christ en croix. Cette représentation du Christ surmonte l’inscription : "MARTIN FONDEUR".
Monsieur Joseph FAURE, fut maire des Salles-Lavauguyon pendant trois mandats. Il figure avec certitude sur les registres des mariages, décès et naissances en tant que maire et officier de l'Etat Civil en 1854, 1855 et 1861, l’année de la refonte de la cloche.
Le curé VERNADEAU fut vraisemblablement à l’origine de la décision de refonder la cloche du sanctuaire paroissial des Salles-Lavauguyon. Il devait exercer son sacerdoce sous le Régime du Concordat de 1801, qui régissait les relations officielles entre l’État français et l’Église catholique au 19e siècle, mais il ne connu pas l’application des dispositions de la Loi de séparation des Églises et de l'État, votée le 9 décembre 1905, moins d’une année après son décès, sa tombe se trouve aujourd’hui encore au centre du cimetière communal.
Mlle Marie Antoinette Berthe FAURE, née en 1843 à Chabanais (Charente), était la fille du maire des Salles-Lavauguyon, M. Joseph FAURE, et de Mme Marie LONGEAUD La GRANGE, née à Oradour-sur-Vayres le 31 mai 1821 et décédée en 1852. Mlle Berthe FAURE, âgée de 18ans, était donc orpheline de sa mère au moment de la refonte et de baptême de la cloche de 1861. Elle devait épouser, le 15 juin 1865, M. Juste Emile De FRUMINI DUROUSSEAU, elle est décédée en 1873.
Le rituel catholique ne parle officiellement que de la "Bénédiction" de la cloche.
La cérémonie de bénédiction de la cloche était présidée par l'évêque ou son représentant, en présence des autorités locales, ainsi que des parrain et marraine, souvent entourés par la foule des fidèles.
Suspendue à un chevalet en bois placé dans le chœur de l'église, la cloche, recouverte d'une robe en étoffe blanche, était une première fois bénie par l'officiant.
Celui-ci appliquait ensuite une onction avec le saint chrême (huile servant pour le baptême) à l'intérieur et à l'extérieur de la cloche.
Après une nouvelle bénédiction, il la faisait sonner à trois reprises, suivi par les parrains, marraine et fondeur. La "voix" de la cloche se faisait alors entendre de tous pour la première fois.
Pour finir, l'ascension de la cloche dans le clocher ajoutait un caractère spectaculaire à l'événement. Remarquons ici que l'orifice aménagé au sommet de la coupole du clocher de l'église des Salles laisse passer la cloche avec exactitude.
Cloche lors de sa dépose |
Afin d’apporter les réparations et renforcements nécessaires à prolonger sa vie et son usage il était impératif de la déposer, c'est-à-dire de la démonter de son support en charpente et de la descendre du clocher en la faisant passer par l’orifice aménagé au centre de la coupole par les bâtisseurs.
Cette opération délicate de démontage et de transport a été effectuée par les soins des techniciens de la fonderie Bodet. Ainsi, pour la première fois, depuis sa fabrication en 1861, la cloche des Salles-Lavauguyon quitta, par la force des choses, son emplacement d’origine pour s’en aller, non pas à Rome mais entre Nantes et Angers, à Trémentines au sud de la Loire, où l’attendaient les spécialistes de la soudure de cloches et les fondeurs qui devaient lui administrer une cure de jouvence bien méritée.
Comme nous venons de le voir, la cloche de l'église des Salles-Lavauguyon date de 1861, mais cette fabrication n’était pas la première fonte de cloche qu’avait connu le sanctuaire paroissial, puisque la fonte celle-ci, au Second-Empire, avait consisté en une refonte du bourdon précédent.
Battant de la cloche
lors de la dépose
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La cloche des Salles-Lavauguyon porte sur l'extérieur plusieurs inscriptions et illustrations qui permettent d’éclairer ses origines. La série d’inscriptions a été réalisée sur trois bandeaux qui se succèdent sur sa partie supérieure. Il est intéressant de noter que le fondeur de cloche de l'époque avait visiblement des difficultés pour respecter l'orthographe et le positionnement des lettres du texte, ce qui explique les doublures et les quelques inversions de caractères.
La première ligne de la dédicace se lit à partir d'une main stylisée dont l'index désigne la première lettre du texte. Cette main symbolise la main divine, telle qu’on peut la voir également représentée dans les fresques du 12e siècle qui ornent les murs de l’église prieurale des Salles-Lavauguyon, ce qui prouve une continuité dans l’utilisation des symboles chrétiens au travers des siècles, puisque près de 600 ans séparent les fresques romanes et la cloche de 1861.
L’épigraphe est composée en lettres majuscules de type romain et se déchiffre comme ceci : « REEFONDUE EN 1861 Mrs JH FAURE MAIRE ET Ld VERNADEAU CURE », une simple croix stylisée est intercalée dans le texte qui continu en précisant, « PARRAIN Mr L DELACROIX DE FLAVILLE ». Cette première ligne se termine sur son point de départ, c'est-à-dire le poignet de la main stylisée.
Epitaphe et mains stylisées |
Le deuxième bandeau du texte se lit, tout comme le premier, à partir d'une main symbolique identique à la précédente : « REPRESENTE PAR Mr SON BEAU FRERE FERNAND DE CHASSAYS », un petit espace cette précision de la partie suivante du texte, « MRARAINE Melle BERTHE FAURE REPREESENTEE ». Cette seconde ligne de l’épigraphe se termine de la même façon que celle qui la précède.
Le troisième et dernier bandeau de l’inscription se lit comme les deux précédents à partir d'une main stylisée, le texte se poursuivant ainsi : « PAR Mme Fse LONGEAU LAGRANGE SA GRAND MERE ». Cette dernière partie de la citation se termine sans signe particulier, et ne fait pas non plus le tour complet de la cloche comme les lignes de texte précédentes, puisqu’un intervalle important sépare la lettre E de la main stylisée.
La base de la cloche est ornée sur une face par une représentation symbolique d’un Christ en croix. Cette représentation du Christ surmonte l’inscription : "MARTIN FONDEUR".
La Vierge à l’enfant (Marie tenant Jésus dans ses bras)
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Sur l’autre face de la cloche se trouve une représentation stylisée d’une Vierge à l’enfant (Marie tenant Jésus dans ses bras). Ceci s'explique par la Dédicace de l'église des Salles-Lavauguyon à Marie de Nazareth, mère de Jésus-Christ.
Un exercice de transcription de l’épitaphe semble s’imposer pour en faciliter la lecture, voici donc ce que le texte nous apprend : « Refondue en 1861, Messieurs Joseph Faure, maire, et Léonard Vernadeau, curé ; Parrain Monsieur Léonard Delacroix de Flaville, représenté par son beau frère Fernand de Chassays ; Marraine Mademoiselle Berthe Faure, représentée par Madame Françoise Longeau Lagrange, sa grand-mère ».
Monsieur Joseph FAURE, fut maire des Salles-Lavauguyon pendant trois mandats. Il figure avec certitude sur les registres des mariages, décès et naissances en tant que maire et officier de l'Etat Civil en 1854, 1855 et 1861, l’année de la refonte de la cloche.
Pendant le Second-Empire, sous la constitution en vigueur entre 1852 et 1870, bien que les conseils municipaux soient élus au suffrage universel, conformément aux dispositions de la loi sur l’organisation municipale votée le 5 mai 1855, les maires des communes de moins de 3000 habitants, étaient nommés par le préfet.
Epitaphe et croix stylisée |
Léonard VERNADEAU, avait été ordonné curé des Salles-Lavauguyon en 1860, il était donc prêtre de la paroisse des Salles-Lavauguyon depuis près d’un an lors de la refonte de la cloche en 1861. Il officiera pendant plus de quarante ans dans cette même paroisse, jusqu'à son décès survenu le 16 janvier 1905, à l’âge de 85 ans. Ce prêtre, regretté de ses paroissiens et de ses amis, avait redonné un élan incontestable à sa paroisse.
Le curé VERNADEAU fut vraisemblablement à l’origine de la décision de refonder la cloche du sanctuaire paroissial des Salles-Lavauguyon. Il devait exercer son sacerdoce sous le Régime du Concordat de 1801, qui régissait les relations officielles entre l’État français et l’Église catholique au 19e siècle, mais il ne connu pas l’application des dispositions de la Loi de séparation des Églises et de l'État, votée le 9 décembre 1905, moins d’une année après son décès, sa tombe se trouve aujourd’hui encore au centre du cimetière communal.
Le parrain de la cloche, M. Louis de LACROIX de FLAVILLE, était lors du baptême de celle-ci représenté par son beau-frère M. Louis-Fernand de CHASSAYS. Ce dernier, gros propriétaire terrien, résidait au château du Poirier, situé dans la commune de Verneuil (Charente), limitrophe de celle des Salles-Lavauguyon.
Stylisation d'un Christ en croix sur la base de la cloche |
La marraine, Mlle Marie Antoinette Berthe FAURE, était lors du baptême de la cloche, représentée par Marie Rose Albertine Françoise CHEMISON de RECOUDERT, épouse de M. Francois Felix LONGEAUD La GRANGE, originaires d’Oradour-sur-Vayres. Le fondeur de cloche n’a retenu que le prénom usuel de Mme LONGEAUD La GRANGE.
Mlle Marie Antoinette Berthe FAURE, née en 1843 à Chabanais (Charente), était la fille du maire des Salles-Lavauguyon, M. Joseph FAURE, et de Mme Marie LONGEAUD La GRANGE, née à Oradour-sur-Vayres le 31 mai 1821 et décédée en 1852. Mlle Berthe FAURE, âgée de 18ans, était donc orpheline de sa mère au moment de la refonte et de baptême de la cloche de 1861. Elle devait épouser, le 15 juin 1865, M. Juste Emile De FRUMINI DUROUSSEAU, elle est décédée en 1873.
Le rituel catholique ne parle officiellement que de la "Bénédiction" de la cloche.
La cérémonie de bénédiction de la cloche était présidée par l'évêque ou son représentant, en présence des autorités locales, ainsi que des parrain et marraine, souvent entourés par la foule des fidèles.
Suspendue à un chevalet en bois placé dans le chœur de l'église, la cloche, recouverte d'une robe en étoffe blanche, était une première fois bénie par l'officiant.
Celui-ci appliquait ensuite une onction avec le saint chrême (huile servant pour le baptême) à l'intérieur et à l'extérieur de la cloche.
Après une nouvelle bénédiction, il la faisait sonner à trois reprises, suivi par les parrains, marraine et fondeur. La "voix" de la cloche se faisait alors entendre de tous pour la première fois.
Pour finir, l'ascension de la cloche dans le clocher ajoutait un caractère spectaculaire à l'événement. Remarquons ici que l'orifice aménagé au sommet de la coupole du clocher de l'église des Salles laisse passer la cloche avec exactitude.
La cloche avant son départ pour la fonderie |
La réfection de la cloche des Salles-Lavauguyon en 2011 n’aura pas fait l’objet de nouvelle inscription, mais une plaque commémorative de l’évènement devrait être apposée dans le clocher.
Après sa réparation dans l'usine de la Fonderie Bodet, à Trémentines, dans le Maine et Loire, la cloche de l'église des Salles-Lavauguyon est revenue prendre sa place dans le clocher ou elle égrène à nouveau les heures avec un son ragaillardi qui sonne presque joyeusement dans ce début de la nouvelle année 2012.
Si nous voulons croire les affirmations des techniciens de l’usine Bodet, cette cloche rendra encore longtemps le service des heures et des cérémonies, puisqu’ils garantissent que les réparations et renforcements effectués teindrons pendant le double de temps que la refonte précédente. Mais ce sont seulement les générations futures qui pourront l’affirmer, car les habitants actuels du bourg et de la commune des Salles-Lavauguyon auront bien avant été salués solennellement, une dernière fois, par leur fidèle cloche.