
La situation de cet établissement canonial (puisque il était tenu par des chanoines) sur un itinéraire secondaire reliant deux grandes routes de pèlerinages vers Compostelle, à presque mi-chemin entre Poitiers et Périgueux, a contribué à donner une importance indéniable à la communauté ecclésiastique des Salles.
Car il y avait autant de chemins pour arriver au sanctuaire galicien de saint Jacques le Majeur, en passant par les grands sanctuaires de pèlerinages aquitains, qu'il n'y avait de pèlerins.
Ceux venu du Nord et de Paris, qui avaient parcouru la Via Turonensis (Voie de Tours) jusqu'à Poitiers et voulaient rejoindre la Via Lemovicensis (Voie Limousine) plus au sud, se devaient de prendre un chemin de traverse pour rejoindre Périgueux.
Ces marcheurs vers Compostelle quittaient la route de Saintes à la hauteur de Ligugé et se dirigeaient vers le sud-est par la Via Pictavina (aussi appelée "Grand Chemin de Poitiers à Charroux").
Ils devaient parcourir une étape d'environ 16 lieues et demie (53,6 km) pour rejoindre la capitale du comté de la Marche.
Après avoir fait leurs dévotions en la puissante abbaye bénédictine de Charroux, fondée sous Charlemagne par Roger vicomte de Limoges et consacrée au Saint Sauveur, ils reprenaient leur cheminement vers le sanctuaire pétrocorien en suivant principalement le tracé de l'ancienne voie romaine de Poitiers à Périgueux, appelé "chemin ferré".
Cette voie antique réutilisée au Moyen-âge passait par la Péruse, croisait dans la paroisse de Suris, au lieu dit les Chaussades, la Via Agrippa (ancienne voie romaine de Saintes à Lyon) et se dirigeait, après avoir traversé la haute vallée de la Charente, vers le petit sanctuaire de Verneuil, dédié comme Charroux au Saint Sauveur.
Les pèlerins ne pouvaient, après cette longue étape de près de 18 lieues (58 km), que faire halte au sanctuaire des Salles.

Les pèlerins ne pouvaient, après cette longue étape de près de 18 lieues (58 km), que faire halte au sanctuaire des Salles.
La prieurale romane des Salles offrait toutes les caractéristique d'une église refuge pour les voyageurs qui ne devaient pas manquer d'y passé la nuit, les bas côtés de la nef servant de dortoir aux pèlerins.
Au petit-matin la nef de l'église était nettoyée après le lever des pèlerins et une messe à leur attention était célébrée sur un autel portatif installé dans la quatrième travée. En est pour preuve la croix de consécration romane peinte sur la voute de la travée de la nef qui précéde le chœur du sanctuaire, quant-à lui réservé aux offices de la communauté de chanoines.
Nous retrouvons ce genre de disposition hospitalière en l’ancienne église abbatiale de Puypéroux, au sud de l'Angoumois, situé comme le sanctuaire des Salles sur un chemin de pèlerinage secondaire, celui-ci reliant Angoulême à Aubeterre-sur-Dronne.
Le phénomène d'étape sur un itinéraire secondaire de pèlerinage est attesté pour l'église des Salles, ne serait-ce que part les différentes influences architecturales, tant dans sa construction que dans son décors sculpté, et surtout dans les détails des peintures à la détrempe du premier étage du bâtiment de la salle-capitulaire dont la symbolique est incontestablement d'inspiration hispanique.
Depuis le bourg des Salles, qui fut en son temps à la fois le chef-lieu de la paroisse des Salles-Lavauguyon, maison mère de la communauté de chanoines des Salles et étape sur un chemin de pèlerinages, les marcheurs reprenait leur cheminement vers le sud, en passant par Maisonnais-sur-Tardoire et Reilhac, ce dernier village ayant été le siège d’une commanderie des Templiers, ils rejoignaient ensuite Nontron où se trouvait autrefois un hôpital des pèlerins, puis la grande abbaye Saint-Pierre de Brantôme, fondée traditionellement comme celle de Charroux sous le règne de Charlemagne, où ils faisaient étape après avoir parcouru à nouveau une distance de près de 16 lieus (51 km) depuis Les Salles. Le phénomène d'étape sur un itinéraire secondaire de pèlerinage est attesté pour l'église des Salles, ne serait-ce que part les différentes influences architecturales, tant dans sa construction que dans son décors sculpté, et surtout dans les détails des peintures à la détrempe du premier étage du bâtiment de la salle-capitulaire dont la symbolique est incontestablement d'inspiration hispanique.
Il restait enfin aux pèlerins, suite à un arrêt à l'abbaye Notre-Dame de Chancelade, à regagner le sanctuaire de la cathédrale Saint-Front de Périgueux.
Il n'y a donc rien d'étonnant lorsque l'on observe attentivement la thématique, la symbolique, l'originalité, la composition et l'inspiration des œuvres picturales et sculpturales que l'on peut découvrir dans l'église et l'ancien prieuré du bourg des Salles-Lavauguyon que l'on soit emmené à penser que les chanoines des Salles aient pu aussi être des grands voyageurs doublés de pèlerins curieux et inspirés.
Frère Édouard a repris depuis quelques années cette tradition de pèlerinages, expression d'une démarche mystique personnelle.
C'est ainsi que votre guide sur les chemins de l'histoire c'est mis en route, reprenant son bâton de pèlerin sur les chemins et les voies menant vers des sanctuaires de pèlerinages très divers en Europe et même en Amérique Latine.
Je me propose de vous faire profiter de mes expériences, mais après cette longue explication je présume qu'il est bon de marquer une halte, à bientôt donc vers un autre sanctuaire...