Avant d'évoquer plus longuement la géologie de la Vallée du Fleuve Charente, nous voudrions évoquer le philosophe et polymathe grec de l'Antiquité, Aristote (scientifique multi-talentueux, né en 384 a.v. J.-C. et décédé en 322 a.v. J.-C.), qui remarquait dans une de ses célèbres citations :
« L'univers est éternel, les mondes naissent et meurent, ce qui est la mer peut devenir la terre. Tout change dans le temps. La science commence avec l'étonnement ! »
Chéronnac et le Fleuve Charente : des origines indissociables...
Les personnes qui résident dans le bourg de Chéronnac, celles venues pour l'évènement triennal célébrant la relation entre le Fleuve Charente et le Bassin Marennes-Oléron « Jusqu'aux Sources... l'Huitre », ou celles qui découvrent ses abords bucoliques lors des randonnées et promenades guidées organisées par l'association « Les Amis de St-Eutrope et des Sources de la Charente », ainsi que les passionnés de géographie, savent que la Charente trouve son origine à Chéronnac, dans le département de la Haute-Vienne !
La commune de Chéronnac est une municipalité de la Communauté de communes Porte Océane du Limousin, dans le Parc Naturel Régional Périgord-Limousin en Région Nouvelle Aquitaine.
Le bourg de Chéronnac, édifié autour d'une ancienne motte féodale sur laquelle a été construite son église romane, est un lieu emblématique de l'itinéraire historique et touristique « Route Richard Coeur de Lion ».
La Charente trouve non seulement sa source à Chéronnac, mais elle parcourt aussi les premiers kilomètres (km) de son périple sur le territoire de cette commune, dans le département de la Haute-Vienne, sur les pentes des collines de l'Ouest des Monts du Limousin.
Les sources du Fleuve Charente sont situées dans le périmètre de « l'Astroblème de Rochechouart-Chassenon » !
L'une des sources de la Charente est accessible au public près du bourg de Chéronnac, c'est une source aménagée qui s'écoule dans un bassin en pierres, situé dans un petit parc paysager, créé sur l'initiative de la municipalité locale au début des années 2000.
Le bassin dans lequel s'écoulent les eaux en provenance de cette troisième source de la Charente est constitué de grands blocs de roches granitiques (du type Leucogranites de Chéronac), au centre desquelles trône un bloc de couleur rouge-brun-rosé, constitué par un important fragment de brèche d'impact météoritique de type Montoume, dénommée « Suévite rouge » par les géologues.
Le Fleuve Charente : Une origine sur le socle cristallin, dans un cratère météoritique érodé...
Les collines boisées et les ondulations de terrains, desquelles s'écoulent les Sources de la Charente, se situent dans le périmètre de l'Astroblème de Rochechouart-Chassenon, un très ancien cratère météoritique situé à la limite Est du petit Massif de l'Arbre et à l'extrémité Ouest des Monts de Chalus, sur le socle cristallin de l'ouest du Massif Central.
De part leur appartenance initiale au socle cristallin les roches du sous-sol de la commune de Chéronnac, sont principalement composées de roches magmatiques : Granites et Leucogranites à deux micas ; ainsi que de roches métamorphiques : Gneiss, Micaschistes et Quartz.
L'origine des granites et des gneiss du sous-sol de la commune de Chéronnac remonte à l'Ère Paléozoïque, elle est liée à la formation de la « Chaine des montagnes Varisques » ou « Chaine Hercynienne ».
Roches granitiques, utilisés dans la construction
de la façade de l'église du bourg de Chéronnac
(Cliché JLEM)
Le cycle géologique de la formation des montagnes Varisques ou Hercyniennes commença pendant la période du Dévonien inférieur, entre - 419 millions d'années (Ma) et - 393,3 millions d'années (Ma).
Les plissements de la croute continentale terrestre se poursuivirent pendant les périodes géologiques du Dévonien moyen, entre - 393,3 millions d'années (Ma) et - 382,7 millions d'années (Ma), pendant celle du Dévonien supérieur, entre - 382,7 millions d'années (Ma) et - 358,9 millions d'années (Ma), ainsi que pendant l'ensemble de la période du Carbonifère, entre - 358,9 millions d'années (Ma) et - 298,9 millions d'années (Ma).
Cette activité de plissements de la croute terrestre ayant entrainé la formation de la « Chaine Hercynienne » prit fin vers la fin du système géologique du Permien, entre - 298,9 millions d'années (Ma) et - 252,2 millions d'années (Ma).
La lente collision, qui s'est déroulée sur plusieurs dizaines de millions d'années (10x Ma) à l'Ère Paléozoïque, entre les deux super-continents Proto-Gondwana et Laurussia, et les micro-continents Avalonia et Armorica, est la cause de la formation de la Chaine des montagnes Varisques ou Hercyniennes.
La formation de cette grande chaine de montagnes paléozoïques, appelée Chaine des montagnes Varisques ou Hercyniennes par les géologues, est une conséquence de la dérive des continents.
La dérive des continents est une lente dynamique de la croute terrestre, qui a entrainé aux cours des âges géologiques, des déplacements des plaques continentales à la surface du manteau terrestre. Ces distensions et compressions de l'écorce terrestre ont eu pour effet la création de chaines de montagnes lors de la collision entre plusieurs grandes masses continentales.
Il est a noter que longtemps avant la formation des Chaines des montagnes Varisques ou Hercyniennes, la vie était apparue sur Terre il y a environ - 3,85 milliards d'années (Md) !
Les formes de vies terrestres s'étaient largement diversifiées au cours des millions d'années qui séparent l'apparition d'une forme de vie sur notre planète et la fin de la longue période de formation des Montagnes Hercyniennes, avec comme étape importante l'apparition des premiers grands amphibiens et des premiers reptiles pendant la période du Carbonifère !
Suite aux différentes périodes mouvementées de l'Ère Paléozoïque, marquées par une grande activité de plissement de la croûte ou de l'écorce terrestre, la période du Trias, qui constitue la première période de l'Ère Mézozoïque et s'échelonna entre - 252,2 millions d'années (Ma) et - 201,3 millions d'années (Ma), fut caractérisée par un relatif calme tectonique, particulièrement pour la partie de l'Eurasia qui correspond à l'Europe occidentale actuelle.
C'est pendant cette première période de l'Ère Mézozoïque, le Trias, que sont apparus les premiers dinosaures !
Carte paléo-géographique : Continents et Océans entre les ères du
Permien supérieur et du Trias inférieur (vers - 250 Ma)
(Illustration d'après : Museum of Paleontology, University of California, Berkeley -modifié-)
Au cours des 50,9 millions d'années (Ma) que dura le Système géologique du Trias, l'érosion fit son oeuvre, aplanissant les sommets montagneux les plus élevées et remplissant de dépôts sédimentaires les dépressions marines des paléo-océans.
Le processus d'érosion du relief terrestre est un phénomène généralement lent, mais les rythmes peuvent aussi s'accélérer dans certaines circonstances, comme par exemple lors des périodes de pluies, de gels ou de chaleurs intenses. L'érosion peut donc, sur des temps s'étendant sur plusieurs dizaines de millions d'années, araser des montagnes, creuser des dépressions et des vallées dans les reliefs, ou encore faire reculer les lignes de côte et les falaises.
Vers la fin de l'Ère géologique du Trias, pendant la sous-période géologique du Rhétien, entre - 208,9 millions d'années (Ma) et - 201,3 millions d'années (Ma), les actuels Monts du Limousin, qui sont des élévations témoins de la formation de la Chaine des montagnes Hercyniennes, s'élevaient en bordure de l'Océan Téthys, qui se trouvait situé entre l'Eurasia et l'ancien continent Gondwana.
C'est à cette Époque géologique du Rhétien, qu'un grand cataclysme est venu frapper la Planète Terre à la hauteur de l'actuelle région de Rochechouart : l'impact et l'explosion d'un astéroïde, ou météorite, de très grande taille !
Cet astéroïde a percuté la Planète Terre à une très grande vitesse, provocant une catastrophe qui a bouleversé et modifié durablement la structure du sous-sol de l'actuelle région de Rochechouart, il y a - 206,9 millions d'années (Ma) !
Le cataclysme, déclenché par l'impact et l'explosion de cette météorite, eut pour conséquence la création presque instantanée d'un cratère d'impact, aujourd'hui fortement érodé, dénommé : « Astroblème de Rochechouart-Chassenon » !
Cette collision avec la Terre d'un astéroïde de très grande taille, dont le poids est estimé à près de six milliards de tonnes (6 giga t), eu pour conséquence directe non seulement la création d'un cratère d'une vingtaine de kilomètres de diamètres (∅ 20 km), mais elle est aussi à l'origine de la formation de brèches d'impact et simultanément à la fracturation des roches granitiques anciennes du sous-sol.
Elle a aussi été la cause de la destruction de la flore et de la faune terrestre et maritime dans une circonférence de plus de cent kilomètres (◯ 100 km) autour du point d'impact météoritique et elle a eu de graves conséquences destructrices, liées au souffle de l'explosion, dans un cercle d'environ trois cent kilomètres (◯ 300 km).
Cependant, l'actuelle Région de Rochechouart, située en limite du socle cristallin étant alors relativement proche des rivages maritimes de l'Océan Téthys, les effets de la catastrophe météoritique n'ont eu que des conséquences assez limités pour la flore et la faune à l'échelle du Continent Laurasia.
Laurasia, Gondwana, Eurasia, Océan Téthys, et
Masse continentale Nord Américaine, à la fin de l'Ère du Trias ;
Le point rouge au Sud du Continent Eurasia marque la position
du cratère d'impact de l'Astroblème de Rochechouart-Chassenon ;
(Illustration d'après : Department of Geographie, University of Calgary, Alberta -modifié-)
Les roches cristallines du sous-sol de l'actuelle commune de Chéronnac et des communes environnantes ont été durablement modifiées lors du cataclysme météoritique, survenu il y a environ 206,9 millions d'années (Ma). Ces anciennes roches ont été remodelées, fracturées, choquées, comprimées et recuites, suite aux effets combinés de l'immense onde de choc et du très grand dégagement de chaleur déclenchés par l'explosion de l'astéroïde.
Cet évènement géologique est à l'origine de la formation de ce que les géologues dénomment : brèches d'impact, brèches clastiques, brèches de fusion ou brèches de retombées.
Ces « Brèches » sont les seuls reliquats visibles de l'évènement cosmique et géologique qui a entrainé la formation du cratère météoritique, aujourd'hui très fortement érodé.
Bloc de brèches polygénique de type Chassenon,
utilisé dans la construction
des murs de l'église du bourg de Chéronnac
(Cliché JLEM)
Ces brèches d'impact sont répertoriées en deux principales catégories :
• Les Brèches polygéniques de fusion et de retombées, sont dites brèches allochtones, car elles contiennent des fragments de l'astéroïde combinés avec des roches d'origine terrestre ;
• Les Brèches monogéniques de dislocation, dites brèches autochtones, car elle sont constituées de roches déjà présentes dans le sous-sol, qui ont été fragmentées et semble avoir été recuites ou refondues.
Bloc de brèches polygénique de type Chassenon,
utilisé dans la construction
des murs de l'église du bourg de Chéronnac
(Cliché JLEM)
La diversité des Brèche polygénique de fusion et de retombée, dite allochtone, s'explique par le fait que l'astéroïde était vraisemblablement constitué d'un conglomérat de différents type de roches. Les brèches de plusieurs sites témoins de l'impact météoritique, tel que ceux de Babaudus, Chassenon, Montoume et Rochechouart, contiennent en effet des teneurs en métaux catégoriquement différentes !
Un type de Brèche polygénique, caractérisé par une matrice clastique et vitreuse, remarquable part sa couleur rouge-foncée due à une très forte teneur en fer, probablement issue d'un des gros fragments de la météorite, forme un important monticule, à la limite des communes de Chéronnac et de Vayres, où cette roche peut être observée dans une ancienne carrière, ainsi que dans le village de Montoume.
La Butte de Montoume, culminant à une hauteur de trois cent vingt trois mètres (323 m d'altitude) sur le flanc du début de la Vallée de la Charente, est un des témoins de la formation de ce type de roches météoritiques dénommées « Brèches polygéniques de Montoume » ou « Suévite rouge ».
Les brèches d'impact ou impactites ont été utilisées comme carrière de pierres pendant la période historique. Elles ont servi à l'édification de nombreux bâtiments, à l'époque Gallo-romaine, au Moyen-âge, pendant la Renaissance et aussi aux Temps Modernes, autant pour la construction d'édifices monumentaux que pour les maisons dans les villages. Le bâtiment historique de l'église de Chéronnac contient dans ses maçonneries de nombreux blocs de brèches météoritiques.
Blocs de brèches polygéniques de type Montoume,
utilisés dans une construction traditionnelle
dans le bourg de Chéronnac
(Cliché JLEM)
La Charente : Du socle cristallin à l'embouchure, une géographie et une géologie complexes...
Comme nous l'avons décrit dans le chapitre précédent, la première partie du cours du Fleuve Charente se situe dans un environnement géologique dont le sous-sol est constitué en premier lieu de Roches plutoniques ou Roche magmatiques : Leucogranites à deux micas et Leucogranites à deux micas à faciès orientés.
La deuxième catégorie des roches rencontrée par le tracé du cours de la Charente est représentée par les Roches métamorphiques : Paragneiss plagioclasiques micacés à intercalation de rares amphibolites.
Le cours du Fleuve Charente traverses ensuite une zone constituée de de Roches plutoniques calco-alcalines constituées de Granites-granodiorites à biotite et rare homblende.
Avant d'atteindre les retenues artificielles des Lacs de Haute-Charente le cours du Fleuve Charente traverse, dans la commune de Videix, une formation caractéristiques de l'Astroblème de Rochechouart-Chassenon, constituée par des Brèches polygéniques de retombée.
Lors de son passage par les retenues artificielles des Lacs de Haute-Charente, le parcours du Fleuve Charente se déroule encore sur le socle cristallin de l'Ouest des Monts du Limousin, la vallée s'insérant dans un substrat constitué principalement de formations de roches métamorphiques.
Après le passage par le Barrage de Lavaud, dont la digue principale est située à la limite Est de la commune de Saint-Quentin-sur-Charente, le cours du Fleuve Charente poursuit sa course en direction du Nord-Ouest.
Lac de Lavaud sur la Charente
créé suite à l'édification en 1988 du barrage de Lavaud
(Illustration d'après : EPTB Charente, Saintes -modifié-)
Dans la traversée de la commune de Saint-Quentin-sur-Charente, le lit du Fleuve Charente traverse des sous-sols principalement constitués de roches métamorphiques formées il a environ - 420 millions d'années (Ma) : Paragneiss et Gneiss.
Au Nord-Est du bourg de Saint-Quentin-sur-Charente, sur la limite avec la commune de Chabanais, une longue crête de colline, culminant à une altitude moyenne mesurée entre deux cent vingt et deux cent cinquante mètres (220 / 250 m d'altitude), aux alentours du Château de Pressac, forme un interfluve qui sépare le Bassin fluvial de la Loire du Bassin versant de la Charente.
Suite à la traversée la commune de Suris, le Fleuve Charente fait son entrée dans l'ancienne commune de Roumazières-Loubert, centre de la commune nouvelle des Terres-de-Haute-Charente.
Dans la traversée du territoire de l'ancienne commune de Chantrezac, le Fleuve Charente quitte progressivement le Socle cristallin Limousin pour poursuivre sa course dans les terrains sédimentaires du Seuil du Poitou et du Bassin d'Aquitaine.
La Charente va ensuite couler, jusqu'à son embouchure dans l'Océan Atlantique, dans des terrains dont le sous-sol et principalement constitué de roches sédimentaires d'origine marine, datées des périodes géologiques du Jurassique et du Crétacé.
En aval des villages de Loubert et de Chantrezac, la vallée du Fleuve Charente traverse des zones de marnes et de calcaires argileux.
Ces formations sédimentaires de marnes et de calcaires argileux se sont déposées à l'étage géologique du Toarcien, dernier étage stratigraphique du Jurassique inférieur (Lias), qui s'est étendu entre - 182,7 millions d'années (Ma) et - 174,1 millions d'années (Ma), ainsi qu'à l'étage géologique Aalénien, qui s'est étendu entre - 174,1 millions d'années (Ma) et - 170,3 millions d'années (Ma), ce dernier étage stratigraphique est la première subdivision du Jurassique moyen ou Dogger.
Entre le village de Chantrezac, dans le département de la Charente, et celui de Chatain, dans le département de la Vienne, des terrains complexes argilo-sableux et des formations d'argiles à silex, surmontent des couches géologiques plus anciennes.
Ces terrains argilo-sableux et formations d'argiles à silex ont été déposés au cours des deux premières périodes géologiques du Cénozoïque : le Paléogène, qui s'est étendu entre - 66 millions d'années (Ma) et - 23,3 millions d'années (Ma), et le Néogène, qui s'est étendu entre - 23,3 millions d'années (Ma) et - 2,58 millions d'années (Ma).
Après être passé sous le Pont de Benest, le cours du Fleuve Charente quitte momentanément le département de la Charente et fait son entrée dans le département de la Vienne.
Pont de Chatain sur la Charente
dans le département de la Vienne
(Illustration d'après : Paul Pérucaud -modifié-)
Lors de son passage dans la contrée du Civraisien, le Fleuve Charente traverse les terrains sédimentaires du Seuil du Poitou, dont l'origine remonte à l'Ère Jurassique.
Les sédiments constituant le Seuil du Poitou, situé au Sud du département de la Vienne, sont caractérisés par des argiles à silex, des calcaires argileux, des calcaires bioclastiques, des calcaires altérés à silex, et des grès quartzo-feldspatiques grossiers.
Le Seuil du Poitou constituait, à l'Ère du Jurassique inférieur (Lias), entre - 201,3 millions d'années (Ma) et - 174,1 millions d'années (Ma), un détroit maritime large de quelques dizaines de kilomètres.
Ce détroit Paléozoïque, ouvert sur l'Océan Théthys, était situé entre deux anciens massifs d'origine métamorphique : le Massif Armoricain (Collines de Vendée) au Nord-Ouest et le Massif Central (Monts de Blond et Monts du Limousin), à l'Est.
Les roches cristallines du socle des Monts du Limousin se prolonge à l'Ouest en direction des Collines Vendéennes et forment la base sur laquelle reposent les dépôts calcaires et marneux du Seuil du Poitou.
C'est pendant la période géologique du Jurassique inférieur (Lias), que se sont déposés la plupart des sédiments ayant constitué le Seuil du Poitou. Celui-ci a pris avec le temps la forme d'un plateau intermédiaire, d'une hauteur moyenne de cent soixante dix huit mètres (178 m d'altitude), dont le point le plus élevé est situé à Charroux, dans le département de la Vienne.
Au dessus des roches du socle constituant le Seuil du Poitou se trouve une assise de marnes bleues imperméables, épaisse de six à dix mètres (6 / 10 m), qui s'est constituée à l'époque géologique du Jurassique inférieur (Lias).
Surmontant ces marnes bleues se trouvent une superposition de formations calcaires, qui se sont principalement constituées aux deux étages stratigraphiques Bajocien et Bathonien, au Jurassique moyen.
Les sédiments du Bajocien sont caractérisés par des formations de calcaires à spongiaires et de calcaires oolithiques, qui se sont déposées pendant une période géologique qui s'étendit entre - 170,3 millions d'années (Ma) et - 168,3 millions d'années (Ma).
Les dépôts du Bathonien sont caractérisés par des formations de calcaires à silex, qui se sont déposées entre - 168,3 millions d'années (Ma) et - 166,1 millions d'années (Ma).
Aux formations des calcaires Bajocien et Bathonien se superposent des calcaires sans silex qui se sont constitués aux étages stratigraphiques Callovien, au Jurassique moyen, et aussi pendant l'Oxfordien et le Kimméridgien, au Jurassique supérieur.
Les parties actuellement les plus élevées de l'ancien détroit maritime dans lequel s'est formé le Seuil du Poitou sont recouvertes de sables et d'argiles formés pendant la période géologique de l'Éocène supérieur, datée entre - 37 millions d'années (Ma) et - 33,9 millions d'années (Ma), et celle de l'Oligocène, datée entre - 33,9 millions d'années (Ma) et - 23,03 millions d'années (Ma).
Le Seuil du Poitou forme la liaison entre les élévations de deux massifs Hercynien, le Massif Armoricain et le Massif Central, ainsi qu'entre les plaines du Basin Parisien, au Nord, et celles du Bassin Aquitain, au Sud-Ouest.
Dans la traversée de la commune de Charroux, le cours de la Charente vient butter contre les élévations du Seuil du Poitou, qui bien qu'ayant une altitude moyenne de cent soixante mètres (160 m au dessus du niveau de la mer) sont déterminantes pour le changement de direction du parcours du fleuve, car elle le force à amorcer un changement de direction progressif vers l'Ouest.
Dans la traversée de la commune de Savigné la Vallée de la Charente rencontre les dépôts de l'étage Bathonien, constitués de calcaires noduleux à spongiaires et nombreux silex, contenant aussi des fossiles de belemnites et d'amonites. C'est dans ces dépôts calcaires, constituant une épaisseur de roche de quinze à vingt mètres (15 / 20 m), que s'ouvrent en bordure du fleuve les Grottes du Chaffaud, connues pour les découvertes d'objets préhistoriques et d'œuvres d'art préhistoriques datées de l'époque Magdalénienne.
Le Fleuve Charente poursuit son parcours d'Est en Ouest dans le Civraisien. Il bifurque en direction du Sud dans la traversée de la commune de Saint-Saviol et s'écoule ensuite dans une vallée caractérisée par de nombreux méandres et des dépôts sédimentaires argilo-calcaires, constitués aux périodes géologiques Tertiaire et Quaternaire.
Entre sa source dans la commune de Chéronnac dans le département de la Haute-Vienne, où il jaillit à une hauteur de deux cent quatre vingt quinze mètres d'altitude (295 m au dessus du niveau de la mer), et son passage dans la commune de Saint-Saviol, où il coule dans un fond de vallée situé à une hauteur de cent un mètres (101 m au dessus du niveau de la mer), la première partie du parcours du Fleuve Charente est caractérisée par une pente relativement forte, puisqu'elle affiche un dénivelé de cent quatre vingt quatorze mètres (194 m) pour un parcours d'environ soixante quinze kilomètres (75 km), soit une déclivité de 2,58 mètres par kilomètre !
Après avoir traversé Voulême, qui est la dernière commune de son parcours dans le département de la Vienne, le Fleuve Charente entre dans celle de Taizé-Aizie, où il fait à nouveau son entrée dans le département de la Charente.
Carte géologique simplifiée du Bassin du Fleuve Charente
(Illustration d'après : J. Féblot-Augustins, S.-J. Park et A. Delagnes
« État des lieux de la lithothèque du basin de la Charente » -modifié-)
Lors de son passage dans les communes au Nord du département de la Charente, entre Condac et Aunac-sur-Charente, le cours du Fleuve Charente traverse des formations calcaires datées de l'Ère Jurassique.
Ces sous-sols sont constituées par des sédiments déposés pendant deux étages stratigraphiques successifs du Jurassique moyen (Dogger) :
• Le Bathonien, période géologique caractérisé par des formations de calcaires à silex et qui s'étendit entre - 168,3 millions d'années (Ma) et - 166,1 millions d'années (Ma).
• Le Callovien, caractérisé par des formations de calcaires argileux contenant des concrétions ferrugineuses et qui s'échelonna entre - 166,6 millions d'années (Ma) et - 163,5 millions d'années (Ma).
L'étage stratigraphique du Bathonien est connu de nos jours dans le département de la Charente par l'exploitation de la Pierre de Combe brune et Pierre de Luget. Ces roches sont taillées dans un calcaire oolithique, de coloris beige clair à blanchâtre, daté du Jurassique moyen. Elles sont extraites dans deux carrières situées sur les limites des communes de Pranzac et de Rancogne, dans le sous-sol d'un plateau calcaire qui s'élève entre les vallées de deux sous-affluents de la Charente, la Tardoire et le Bandiat, qui ont modelé le massif calcaire du Karst de La Rochefoucauld.
Carrière de Combe brune près de Pranzac
(Illustration d'après : Gauthier-Charente, Marthon -modifié-)
L'étage stratigraphique, de l'Oxfordien est caractérisé dans le département de la Charente par des dépôts de calcaires-marneux qui contiennent une faune fossilisée d'ammonites, de céphalopodes (mollusques), de bivalvia (mollusques bivalves) et de spongiaires coralliens (éponges de mer). Il s'est étendu entre -163,5 millions d'années (Ma) et - 157,3 millions d'années (Ma).
Ammonites découvertes en Charente
(Illustration d'après : Collections du Musée d'Angoulême -modifié-)
Entre son passage dans la commune de Taizé-Aizie, au Nord du département de la Charente, où il coule dans un fond de vallée situé à une altitude moyenne de quatre vingt dix mètres (90 m au dessus du niveau de la mer), et le confluent avec son principal affluent la Touvre, le dénivelé du Fleuve Charente diminue considérablement, puisque le dernier point de référence de niveau relevé sur la commune de Gond-Pontouvre se situe à une hauteur de trente et un mètres (31 m au dessus du niveau de la mer).
La vallée de la Charente s'élargit considérablement après avoir été rejointe par celle de ses affluents de la rive gauche que sont la Bonnieure et la Tardoire, à la jonction des limites communales de Mouton, de Fontclaireau et de Puyréaux, en amont du bourg de Mansle.
La complexité des sous-sols de la vallée du Fleuve Charente apparait clairement lorsque l'on détaille la composition des formation géologiques dans la traversée des communes situées entre Puyréaux et Saint-Yrieix-sur-Charente.
On trouve, en amont et en aval de la ville de Mansle, des formations géologiques datées de l'Ère Paléozoïque, qui forment la plus grande partie des sous-sols. Ce substrat ancien est entrecoupé et surmonté par d'importants dépôts d'alluvions. Ces derniers ont été déposés au cours du Pléistocène, au début de la période géologique la plus récente de l'Ère Cénozoïque : le Quaternaire, entre - 66 millions d'années (Ma) et - 23,3 millions d'années (Ma).
Géologie de la vallée de la Charente près de Mansle
• Fz (gris clair) : Très basses terrasses, de 3 à 13 mètres d'altitude relative ; Holocène ; Formations quaternaires : Alluvions anciennes, sables, graviers siliceux et calcaires ;
• Fy (gris) : Basses terrasses, de 13 à 25 mètres d'altitude relative ; Formations quaternaires : Alluvions anciennes, sables argileux à galets quartzeux ;
• Fw (gris foncé) : Hautes terrasses, au dessus de 25 mètres d'altitude relative ; Formations quaternaires : Alluvions anciennes, sables argileux à galets quartzeux ;
• J6 (bleu) : Jurassique ; Oxfordien supérieur : Calcaires argileux et marnes à intercalations lithographiques ;
• J7 (bleu clair) : Jurassique ; Oxfordien terminal - Kimméridgien inférieur : Calcaires à grains fins et calcaires sublithographiques ;
(Illustration d'après : SIGES & BRGM -modifié-)
Les formations géologiques de l'Oxfordien et du Kimméridgien se retrouvent, au Nord de l'Agglomération d'Angoulême, dans tout le substrat de la vallée du Fleuve Charente et dans les élévations des collines qui la borde.
Pendant le Kimméridgien, correspondant à la période géologique échelonnée entre - 157,3 millions d'années (Ma) et - 152,1 millions d'années (Ma), et au deuxième étage stratigraphique du Jurassique supérieur (Malm), le territoire de l'actuel département de la Charente faisait partie d'une importante entité paléo-bio-géographique. Ce macro-écosystème formait le « Biome franco-germanique », séparant le domaine Boréal et le domaine Téthysien, il s'étendait sur les actuels Bassin Aquitain et Bassin Parisien et se prolongeait sur ce qui est aujourd'hui l'Allemagne septentrionale.
Les anciennes formations géologiques, situées au Nord et à l'Ouest de l'Agglomération d'Angoulême, sont entrecoupées dans la Vallée du Fleuve Charente et dans celles de ses principaux affluents, par des sous-sols plus récents, déposés pendant le Quaternaire, entre - 2,58 millions d'années (Ma) et - 11.700 ans avant le présent (AP), comme cela est illustré par la carte géologique de la Vallée de la Charente près de Mansle.
Vallée de la Charente entre le Nord de Verteuil et l'Ouest d'Angoulême
Géologie simplifiée:
• Plio-Pléhistocène (bleu très clair) : entre - 5 millions d'années et - 12.000 ans ;
• Eocène (orange) : entre - 56 et - 33 millions d'années ;
• Crétacé (vert clair) : entre - 145 et - 66 millions d'années ;
• Jurassique supérieur ou Malm (bleu clair) : entre - 161,2 et - 145,5 millions d'années ;
• Jurassique moyen ou Dogger (bleu) : entre - 174,1 et - 163,5 millions d'années ;
• Jurassique inférieur ou Lias (bleu foncé) : entre - 201,3 et - 174,1 millions d'années ;
• Cycle éo-varisque (fond rose à points rouge) : entre environ 400 et 252 millions d'années ;
• Néoprotérozoïque (rouge bruin) : entre - 1.000 et - 541 millions d'années ;
(Illustration d'après : Info Terre & BRGM -modifié-)
Entre le Nord du département de la Charente et le Nord de l'Agglomération d'Angoulême les couches géologiques profondes de la Vallée de la Charente sont recouvertes par des alluvions déposés à l'Ère Quaternaire, dont les plus anciennes ont formé des basses terrasses alluviales, constituées de dépôts d'argiles, de sables, de graviers, de galets et de limons, qui ont été charriés par les eaux du Fleuve Charente, lors de crues résultant d'épisodes pluvieux océaniques importants.
Des dépôts sédimentaires, composés de sables, de grèzes litées, de graviers, de galets et de limons, forment des terrasses alluviales sur les anciennes rives fossilisées de la Charente. Ils ont été principalement constitués dans un contexte paléo-climatique et géologique de type périglaciaire, pendant les grandes glaciations de l'Ère Quaternaire :
• Glaciation de Günz, entre environ - 760.000 et - 530.000 ans avant le présent (AP) ;
• Glaciation de Mindel, entre environ - 475.000 et - 370.000 ans avant le présent (AP) ;
• Glaciation de Riss, entre environ - 350.000 et - 130.000 ans avant le présent (AP) ;
• Glaciation de Würm, entre environ -115.000 et -11.700 ans avant le présent (AP).
En opposition aux datations relativement récentes des berges et terrasses alluviales de de la Vallée de la Charente situées au Nord du département de la Charente, le sous-sol de l'Agglomération d'Angoulême, ainsi que le substrat de la moitié Sud du département de la Charente, sont constitués de formations géologiques datant du Crétacé supérieur, période située entre - 100,5 millions d'années (Ma) et - 66 millions d'années (Ma).
Les dépôts du Crétacé supérieur de la Vallée de la Charente se sont constitués pendant deux grandes transgressions marines, caractérisées par une submersion progressive des lignes des rivages littoraux par la mer. Ces submersions d'une grande partie de la superficie des l'actuel territoire des départements de la Charente et de la Charente-Maritime à l'époque géologique du Crétacé supérieur, étaient dû à une élévation générale du niveau moyen des océans.
Ces transgressions marines du Crétacé supérieur se sont étendues pendant deux méga-séquences :
• Aux étages géologiques du Cénomanien et du Turonien, qui correspondent à une période pendant laquelle le niveau marin fut le plus élevé des derniers six cent millions d'années, s'élevant à environ cent cinquante mètres (150 m au dessus du niveau actuel des mers) ;
• Au Sénonien, qui s'est étalé sur les étages stratigraphiques du Coniacien, du Santonien, du Campanien et du Maastrichtien.
La période la plus ancienne du Crétacé supérieur, le Cénomanien, qui s'est étendu entre -100,5 millions d'années (Ma) et - 93,9 millions d'années (Ma), se retrouve dans les parties basses du relief, sur le pourtour de la butte sur laquelle a été édifiée à l'époque historique l'actuelle ville d'Angoulême.
Topographie des plateaux et vallées
de l'Agglomération d'Angoulême et de ses environs
(Illustration d'après : Dossier SRTM - NASA -modifié-)
Le plateau, qui constitue l'assise rocheuse de la partie la plus ancienne de la ville d'Angoulême, s'élève à une altitude moyenne d'environ cents mètres (100 m au dessus du niveau de la mer).
Ce plateau calcaire a été constitué au Second étage stratigraphique du Crétacé supérieur, le Turonien, anciennement appelé Angoumien pour sa partie supérieure et Ligérien pour sa partie inférieure, il est daté entre - 93,9 millions d'années (Ma) et - 89,8 millions d'années (Ma), sur l'échelle des temps géologiques.
La butte sur laquelle s'élève la vielle ville d'Angoulême, est encore bordée sur son pourtour par une ceinture d'anciens remparts, qui dans la partie Nord ont été édifiés sur les falaises calcaires du Crétacé supérieur.
Remparts du vieil Angoulême et
strates de formations rocheuses datant de
l'étage géologique du Turonien ou Angoumien
(Illustration d'après : Blog Le Chevalier Dauphinois -modifié-)
Le plateau d'Angoulême se resserre à l'Est à hauteur du Champ de Mars où se trouve la jonction avec des collines calcaires qui se prolongent à l'Est et au Sud-Est sur les quartiers de la Bussatte, de Saint-Roch, et de Grapillet sur la commune de Soyaux.
Les collines situées à l'Est des élévations du plateau d'Angoulême sont bordées au Sud par la Vallée de l'Anguienne, au Nord et à l'Ouest par la Vallée de la Charente, au Nord-Est par la Vallée de la Touvre et par celle de son affluent la Font Noire.
Au Sud de la Vallée de l'Anguienne, s'étend le plateau de Ma Campagne, dont les Chaumes de Crage forment un des principaux éléments naturel. Elles sont elles-mêmes bordées au Sud par la Vallée des Eaux-Claires.
C'est aux pieds du plateau calcaire d'Angoulême, là où a été emménagé, entre les 12e et le 20e siècles, le Port Fluvial de l'Houmeau, que le Fleuve Charente amorce un nouveau changement de direction important, abandonnant le parcours orienté Nord-Sud, pour se diriger plein Ouest vers la Côte Atlantique.
Fleuve Charente et Port fluvial d'Angoulême
(Illustration d'après : Collections du Musée d'Angoulême
Tableau du peintre Gaston Hippolyte Ambroise BOUCART ; 1878 - 1962)
La vallée du Fleuve Charente située à l'Ouest de l'Agglomération d'Angoulême, rencontre à nouveau dans la traversée des communes de Fléac et de Nersac des formations géologiques constituées pendant la dernière période du Jurassique supérieur (Malm) et datées de l'étage Tithonien, qui s'est étendu entre - 152,1 millions d'années (Ma) et - 145 millions d'années (Ma).
Falaises dans la Vallée des Eaux Claires
datées du Crétacé Supérieur
(Illustration d'après : Blog La Puymoyennaise -modifié-)
Les vallées encaissées et quasi parallèles des trois affluents de la Charente au Sud d'Angoulême, le Ruisseau des Eaux Claires, de l'Angienne et de La Charreau, ont été creusées par l'érosion à deux époques géologiques :
• L'Oligocène, daté entre - 33,9 millions d'années (Ma) et - 23,3 millions d'années (Ma) ;
• Le Miocène, qui s'est étendu entre - 23,3 millions d'années (Ma) et - 5,33 millions d'années (Ma).
Le creusement des vallées du Ruisseau des Eaux Claires, de l'Angienne, de la Charreau, de la Touvre et de celle de la Font Noire, est contemporain du plissement de la Chaîne des Pyrénées. La formation de cette chaîne de montagnes s'est effectuée pendant plusieurs périodes des temps géologiques, l'Éocène et l'Oligocène.
La formation de la Chaîne des Pyrénées, datée entre - 40 millions d'années (Ma) et - 20 millions d'années (Ma), a eu pour conséquence de pousser la Plateforme Aquitaine vers le Nord, entrainant des cassures dans les formations de roches calcaires et marneuses dans les vallées des ruisseaux et rivières situés autour d'Angoulême. Ces cassures ou accidents tectoniques se manifestent sous la forme de failles orientées du Nord-Ouest au Sud-Ouest.
La principale faille, située à l'Est d'Angoulême, est la Faille de l'Échelle, elle est à l'origine de la formation des Résurgences de la Touvre.
Résurgence de la Touvre : le Bouillant
(Illustration d'après : Mairie de Touvre, Charente -modifié-)
Les eaux des rivières souterraines, venues du Massif du Karst de La Rochefoucauld, circulent au travers d'importantes formations rocheuses constituées de calcaires récifaux et de calcaires oolithiques ferrugineux, datés des étages géologiques de l'Oxfordien supérieur et du Kimméridgien inférieur. Elles se heurtent à hauteur de la Faille de l'Échelle à des couches de marnes imperméables, formées à l'étage géologique du Kimméridgien supérieur.
Ces formations rocheuses empêchent l'écoulement des eaux souterraines et les obligent à remonter vers la surface du sol, elles ont ainsi contribué à créé les quatre Résurgences de la Touvre : le Bouillant, le Dormant, la Lèche et la Font de Lussac.
Coupe schématique de la Font de Lussac
une des résurgences de la Touvre
(Illustration d'après : Gregory Dandurand -modifié-)
Les roches calcaires traversées par le cheminement des eaux traversant le Massif du Karst de La Rochefoucauld se caractérisent par la présence de fossiles (bivalves, coraux, gastéropodes, ostreidae, spongiaires...), visibles sur les parois des cavités dans lesquelles circulent les eaux qui alimentent le système hydro-géologique à la base des résurgences de la Touvre.
Carte géo-morphologique du Karst de La Rochefoucauld
(Illustration d'après : Gregory Dandurand & Richard Maire -modifié-)
Le substrat de la partie du département de la Charente situé géographiquement au Sud des villes d'Angoulême, de Jarnac et de Cognac, est constitué par des formations géologiques appartenant à différents étages du Crétacé.
Ces formations de roches calcaires sont datés principalement de plusieurs étages géologiques du Crétacé supérieur :
• Le Cénomanien, entre -100,5 millions d'années (Ma) et - 93,9 millions d'années (Ma) ;
• Le Turonien, daté entre -93,9 millions d'années (Ma) et - 89,8 millions d'années (Ma) ;
• Le Coniacien, troisième des six étages stratigraphique du Crétacé supérieur, situé entre -89,8 millions d'années (Ma) et - 86,3 millions d'années (Ma).
C'est à l'étage géologique du Coniacien qu'ont été constituées la majeur partie des formations de roches calcaires au Sud et à l'Ouest de l'agglomération d'Angoulême, sur la rive gauche de la Charente.
du Poitou et de la Charente
(Illustration d'après : Dessinateur Pierre Lavaud, dit Mazan -modifié-)
Entre les villes d'Angoulême et de Jarnac, en amont et aval du bourg de Chateauneuf-sur-Charente, la Charente longe sur sa rive gauche, au Sud de la valéee, des formations de roches datant de trois étages géologiques du Crétacé supérieur déjà rencontrés en amont : le Cénomanien, le Turonien et le Coniacien.
Falaise calcaire du Crétacé
Site de la Font-Qui-Pisse, Chateauneuf-sur-Charente
(Illustration d'après : Cognac Tourisme, Charente -modifié-)
Au Nord du bourg de Chateauneuf-sur-Charente, sur la rive droite du fleuve, se trouvent des formations de marnes, riches en argile et en gypse, qui se sont formées pendant le faciès géologique Purbeckien, daté du dernier étage de l'Ère Jurassique, le Portlandien, équivalent au Tithonien, échelonné entre - 152,1 millions d'années (Ma) et - 145 millions d'années (Ma).
En aval de Chateauneuf-sur-Charente, sur la rive gauche du fleuve, se trouvent des formations calcaires constituées au Crétacé supérieur, à l'étage géologique du Turonien. Elles sont matérialisées par une couche épaisse de plusieurs dizaines de mètres de calcaires blancs légèrement colorés de tons ocrés. Ces roches calcaires renferment des restes de la faune marine qui ont contribué à leur formation : bivalves et gastéropodes (mollusques), conchifères (ammonites), conus (cônes), physidae (escargots).
Les roches de l'étage géologique du Turonien ont été utilisées comme carrières de pierres depuis le début de l'époque historique. Les carrières les plus connues sont celles sitées sur le territoire de la commune de de Saint-Même-les-Carrière. Les blocs de pierres extraits de ces carrières furent autrefois transportées par voie fluviale sur des gabares qui naviguaient sur le Fleuve Charente.
Anciennes carrière de pierres de calcaire Turonien
à Saint-Même-les-Carrières, Charente
(Illustration d'après : Patrimoine de Cognac, Charente -modifié-)
Les Moyenne vallée du Fleuve Charente, dans son parcours entre les villes d'Angoulême, de Jarnac, de Cognac et de Saintes, suit une ligne Sud-Est / Nord-Ouest, qui marque la limite entre les formations géologiques datant des périodes de l'Ère Jurassique, au Nord, et de celles de l'Ère Crétacé, au Sud.
Dans la vallée du Fleuve Charente entre Châteauneuf-sur-Charente, et Jarnac, se trouvent des carrières de graves, constituées principalement de graviers fluviatiles principalement déposés au début de l'Ère Quaternaire.
Cependant, les parties les plus anciennes du substrat sont constituées de différentes couches d'argiles fossilifères, datant de l'Ère du Crétacé Inférieur.
Le gisement paléontologique le plus connu de la Vallée de la Charente est celui d'Angeac-Charente, il est daté de l'Ère Paléozoïque. Ce site est l'un des plus importants gisements fossilifère trouvés en France, reconnu comme l'un des plus grands sites contenant des restes de dinosaures au Monde !
Illustration d'après : Répartition géographique des trois localités fossiles continentales documentant la transition du Jurassique supérieur au Crétacé inférieur dans l'ouest de la France : Chassiron (Tithonien, Département de la Charente-Maritime), Cherves-de-Cognac (Berriasien, Département de la Charente) et Angeac-Charente (Berriasien, Département de la Charente).
Les couches fossilifères argileuses paléozoïques d'Angeac-Charente datent de quatre étages stratigraphiques de la période géologique du Crétacé inférieur :
• Le Berriasien, entre - 145 millions d'années (Ma) et - 139,8 millions d'années (Ma) ;
• Le Valanginien, entre - 139,8 millions d'années (Ma) et - 132,9 millions d'années (Ma) ;
• Le Hauterivien, entre - 132,9 millions d'années (Ma) et - 129,4 millions d'années (Ma) ;
• Le Barrémien, entre - 129,4 millions d'années (Ma) et - 125 millions d'années (Ma) ;
Au Crétacé inférieur le paysage de ce que sont aujourd'hui les environs de la commune d'Angeac-Charente correspondait à celui d'une pénéplaine inondable au climat tropical. C'était un environnement marécageux, de type lagunaire-lacustre, dominé par des grands conifères. Cet environnement s'était formé sur les anciens bras et méandres d'un paléo-fleuve, qui coulait déjà il y a près de cent quarante millions d'années (140 millions d'années) dans ce qui est devenu plus tard la Vallée de la Charente que nous connaissons aujourd'hui.
Impression du site d'Angeac-Charente à l'Ère du Crétacé Inférieur
(Illustration d'après : Dessinateur Pierre Lavaud, dit Mazan -modifié-)
Le gisement d'Angeac-Charente contient un dépôt d'ossements fossiles très riche en os fossilisés de dinosaures des plusieurs genres, tels que :
• Iguanodons (Ornithischia), dinosaures herbivores ornithischiens (c'est à dire caractérisés par un bassin semblable à celui d'un oiseau) ;
• Hypsilophodons (Hypsilophontidae), petits dinosaures herbivores et ornithopodes (littéralement aux pieds d'oiseaux) ;
• Ankylosaures (Ankylosaurus), dinosaures quadrupèdes et herbivores (dont le nom latin signifie lézard rigide) ;
• Carcharodontosauridés (Carcharodontosauridae), grands dinosaures bipèdes (littéralement aux pieds de bête), carnivores ;
• Eotyrannus, dinosaures théropodes, bipèdes, carnivores.
Les sortes d'ossements fossiles les plus caractéristiques du site d'Angeac-Charente sont toutefois ceux d'autres espèces :
• Ornithomimosaures (ornithomimosauria) (littéralement : lézards imitateurs d'oiseaux ou dinosaures autruches), théropodes
Il semblerait qu'un troupeau entier d'ornithomimosaures ait été piégé dans la boue d'un méandre du Fleuve Charente paléolithique, puisque plus de 70 individus juvéniles et adultes ont pu être identifiés suite aux fouilles du site d'Angeac-Charente.
Reconstitution d'un ornithomimosaure
découvert près d'Angeac-Charente
(Illustration d'après : Dessinateur Pierre Lavaud, dit Mazan -modifié-)
• Sauropodes (sauropoda), qui étaient une sorte de très grand quadrupèdes herbivores. Ils ont probablement atteint une longueur d'une trentaine de mètres (30 m) pour une hauteur de hanches de cinq mètres (5 m).
De nombreuses autres espèces différentes d'animaux (les paléontologues en ont dénombré 56 en total) vivaient dans le paléo-environnement marécageux, de type lagunaire-lacustre, du site d'Angeac-Charente : Ptérozaures (pterozoria) ou reptiles volants, Tortues, Poissons, Amphibiens, Crocodiles et Petits mammifères.
Des restes très divers de la flore ont été aussi identifiés : Plantes terrestres ; Algues ; Fougères arborescentes ; Prêles ; Conifères, tel les cyprès chauves et les Agathoxylon ou Araucariaceae, arbres datés du Crétacé inférieur, dont des troncs respectivement longs de près dix et quinze mètres (10 / 15 m), ont été découverts dans le gisement d'Angeac-Charente.
Au Sud-Est de la ville de Jarnac, sur la rive gauche du fleuve, les substrats des terroirs des communes de Saint-Même-les-Carrières, Mainxe-Gondeville et ceux au Sud de la commune de Bourg-Charente, sont constitués de formations de roches datant pour la partie inférieure des étages géologiques du Cénomanien inférieur, Cénomanien moyen et Cénomanien supérieur, celles-ci sont surmontées par des formations calcaires du Turonien, caractérisés par des cuestas, plateaux à double pente asymétrique, datées du Crétacé.
En aval de la ville de Jarnac, dans la traversée de la commune de Gensac-la-Pallue, le sous-sol de la rive gauche du fleuve est constitué de formations calcaires datant du Crétacé supérieur, qui s'étages entre des dépôts datant des étages géologiques du Turonien, du Coniacien et du Santonien.
Le Santonien correspond au quatrième étage stratigraphique du Crétacé supérieur, daté entre - 86,3 millions d'années (Ma) et - 83,6 millions d'années (Ma).
Vignobles de l'AOC Cognac, au Sud de Jarnac,
plantation sur des affleurements de formations calcaires du Turonien
(Illustration d'après : Bureau National Interprofessionnel du Cognac -modifié-)
Au Nord de la ville de Cognac, sur la rive droite de la Charente, les sous-sols marneux, riche en argile et en gypse, des communes de Nercillac, Boutiers-Saint-Trojan et Cherves-Richemont, ont pour origine des dépôts qui se sont formés dans une zone lagunaire située en bordure de l'Océan Proto-Atlantique, à la dernière période de l'Ère Jurassique, entre - 152,1 millions d'années (Ma) et - 145 millions d'années (Ma), pendant le faciès géologique Purbeckien, à l'étage géologique Portlandien.
Au début du Crétacé inférieur, à l'étage Berriasien, qui s'est étendu entre - 145 millions d'années (Ma) et - 139,8 millions d'années (Ma), une régression marine a entrainé un recul du littoral et provoqua l'assèchement par évaporation de la zone lagunaire constituée à la fin de l'Ère Jurassique.
Les dépôts argilo-marneux de la fin de l'Ère Jurassique, identifiés au Nord-Ouest et au Nord-Est de la ville de Cognac sont matérialisés dans la topographie sous la forme d'une dépression humide, connue sous le nom de « Pays Bas », dans laquelle les cours de la rivière Soloire et du Fleuve Charente ont dégagé de larges vallées alluvionnaires.
Rivière La Soloire en amont de Boutiers-Saint-Trojan
(Illustration d'après : Rosier -modifié-)
Un second site paléontologique, d'une importance considérable, comparable à celle du site d'Angeac-Charente, a été découvert et exploré dans l'ancienne commune de Cherves de Cognac, située dans l'actuelle commune de Cherves-Richemont, dans la vallée d'un affluent de la rive droite de la Charente, « Le Fossé du Roi », situé au Nord de l'agglomération de Cognac : le site paléontologique de la Carrière de Champblanc.
Les couches géologiques contenant des restes fossiles identifiés dans la Carrière de Champblanc, sont datées d'un étage stratigraphique de la fin du Jurassique supérieur, le Thitonien, qui s'est étendu entre - 150 millions d'années (Ma) et - 145 millions d'années (Ma), et plus particulièrement d'un second étage stratigraphique du début du Crétacé inférieur, le Berriasien, échelonné entre - 145 millions d'années (Ma) et - 139,8 millions d'années (Ma).
Diagramme schématique représentant les différents types
d'environnements mésozoïques de la Vallée de la Charente,
à l'Ère Crétacé :
1 - Estuaire du fleuve ; 2 - Lagune littorale évaporitique ; 3 - Cordon ou Lido littoral ;
4 - Grau ou Chenal ; 5 - Zone côtière et pleine Mer ; 6 - Delta ou Embouchure du fleuve ;
7 - Lac alluvionaire ; 8 - Plaine alluviale ou d'inondation ;
Mangroves internes sur les alluvions fluviatiles et sur les berges des bras morts du fleuve ;
(Illustration d'après : Dessinateur Pierre Lavaud, dit Mazan -modifié-)
Les découvertes très diverses d'os et de dents fossiles du site de la Carrière de Champblanc ont permis aux paléontologues d'identifier de nombreuses espèces de la faune ayant vécu dans le site lagunaire de l'âge Berriasien : Mollusques, Crustacés, Bivalves, Gastéropodes, Poissons (Lepidotes, Pycnodonte, Caturus, etc...), Requins, Amphibiens, Lepidosauriens, Tortues (Pleurosternon, Tretosternon), Crocodiliens (Goniopholis, Bernissartia, Theriosuchus, etc...), Dinosauriens (Sauropodes, Théropodes, Iguanodonditae, Stegosauridae, etc...), Ptérosaures (reptiles volants), Théropodes, Archæoptéryx (oiseaux-dinosauriens à plumes), ainsi que des restes de végétaux (notamment un tronc d'Agathoxylon).
(Illustration d'après : Dessinateur Pierre Lavaud, dit Mazan -modifié-)
Les découvertes faites sur le site de la Carrière de Champblanc ont permis aussi d'identifier plusieurs sortes de Mammifères de petites tailles : Dryolestidae, Peramuridae, Pinheirodon, Spalacotheriidae, Thereuodon et Triconodontidae.
Ces découvertes contribuent à faire du site de Cherves de Cognac l'un des gisements paléontologiques de référence pour les mammifères du Crétacé en Europe.
Mammifère Dryolestidae du Crétacé inférieur
(Illustration d'après : Dessinateur Pierre Lavaud, dit Mazan -modifié-)
(Illustration d'après : Dessinateur Pierre Lavaud, dit Mazan -modifié-)
Dans la traversée de l'agglomération de Cognac, la Vallée de la Charente rencontre à nouveau un substrat constitué au Crétacé supérieur, qui s'étage du Nord au Sud entre des dépôts datant des étages géologiques du Cénomanien, du Turonien, du Coniacien et du Santonien.
Au Nord de l'agglomération de Cognac, sur la rive droite de La Charente, dans le quartier de Bagnolet, le substrat est constitué de formations géologiques datant de l'étage Cénomanien.
Au Nord-Est de l'agglomération, sur la rive gauche du fleuve entre les limites des communes de Châteaubernard et de Cognac, dans le quartier de l'Échassier et jusqu'au Parc François Premier, le substrat est constitué de formations géologiques datant de l'étage Turonien.
Dans la partie Nord de l'agglomération de Cognac, sur la rive gauche du Fleuve Charente, des falaises calcaires, situées sur la bordure du Parc François Premier qui domine la Rue de la Font d'Enfer, constituent le site éponyme de l'étage géologique du Coniacien, sur lequel s'est construite aux temps historiques le centre ville de Cognac.
La basse vallée du Fleuve Charente ainsi que les vallées de ses affluents, l'Antenne, le Né, la Seugne, l'Arnoult, ont été creusées par l'érosion quaternaire dans un substrat datant de l'Ère Crétacé.
Géologie (simplifiée) de la Charente-Maritime
• Calcaires du Jurassique : Bleu clair ;
• Calcaires du Crétacé : Vert ;
• Dépôts Tertiaires (Paléogène et Néogène) : Orange ;
• Dépôts fluviatiles et marins Tertiaires : Rose clair et gris clair ;
• Dépôts marins Quaternaires (Pléistocène et Holocène) : Blanc et bleu clair ;
(Illustration d'après : BRGM -modifié-)
Différentes formations géologiques, datant du Crétacé supérieur, forment à l'Est de la ville de Saintes, au Nord de la Vallée de la Charente, entre Vénérand et Louzac-Saint-André, une série de petites collines, dont les hauteurs maximales s'élèvent à une hauteur moyenne de quatre vingt onze mètres (91 m d'altitude).
Ces élévations du relief sont entaillées sur leur versant Sud par plusieurs affluants du Fleuve Charente, dont le principal est le Coran, qui s'écoule dans une profonde vallée, située en amont et en aval du bourg de Saint-Bris-des-Bois, ainsi que des bourgs de Saint-Césaire et de Saint-Sauvant et du village de Chauveau à la limite de la commune de Chaniers.
Ancienne carrière de pierre dans les strates du Coniacien
Vallée du ruisseau du Coran en Charente-Maritime
(Illustration d'après : Lionel Duchoiselle -modifié-)
Au Nord-Est, au Nord et Nord-Ouest de la ville de Saintes, le sous-sol des butes et collines boisées présente une stratigraphie presque complète des différents étages et périodes de l'Ère du Crétacé supérieur. Ces formations géologiques présentes de grandes similitudes avec le substrat rocheux de la partie Sud du département de la Charente.
Les formations de roches calcaires et de marnes situées entre les villes de Saintes et de Rochefort sont datées de plusieurs étages géologiques du Crétacé supérieur :
• Le Cénomanien, premier étage stratigraphique du Crétacé supérieur, qui s'est échelonné entre - 100,5 millions d'années (Ma) et - 93,9 millions d'années (Ma) ;
• Le Turonien, deuxième étage stratigraphique du Crétacé supérieur, qui s'est étendu entre - 93,9 millions d'années (Ma) et - 89,8 millions d'années (Ma) ;
Autres les formations calcaires des deux premier étages du Crétacé supérieur, les collines bordant la Vallée de la Charente entre Saintes et Rochefort comportent des dépôts sédimentaires liés à la division stratigraphique de la fin de l'Ère Mésozoïque, le Sénonien, qui regroupe les quatre derniers étages du Crétacé supérieur :
• Le Coniacien, troisième étage stratigraphique du Crétacé supérieur, qui est situé entre - 89,8 millions d'années (Ma) et - 86,3 millions d'années (Ma) ;
• Le Santonien, quatrième étage stratigraphique du Crétacé supérieur, qui est daté entre - 86,3 millions d'années (Ma) et - 83,6 millions d'années (Ma) ;
• Le Campanien, cinquième étage stratigraphique du Crétacé supérieur, qui s'est étendu entre - 83,6 millions d'années (Ma) et - 72,1 millions d'années (Ma) ;
• Le Maastrichtien, sixième et dernier étage stratigraphique du Crétacé supérieur, qui s'est étendu entre - 72,1 millions d'années (Ma) et - 66 millions d'années (Ma).
Géologie (simplifiée) du Synclinal de Saintes-Barbezieux,
de l'Anticlinal de Brouage-Gémozac-Jonzac,
et substrats géologiques de la Charente-Maritime.
⤚⤙ Synclinal ; ⟵⟶ Anticlinal ;
• Étages du Jurassique supérieur : Bleu foncé l'Oxfordien ;
Bleu gris le Kimméridgien ; Bleu clair le Tithonien ;
• Étages du Crétacé supérieur : Vert foncé le Cénomanien ; Vert jaune le Turonien ;
Vert clair la séquence stratigraphique du Sénonien ;
• Alluvions Tertiaires et Quaternaires : Gris clair ;
• Océan Atlantique et Estuaires ; Blanc ;
(Illustration d'après : V. Perrichot -modifié-)
Le sous-sol des collines situées entre Saint-Savinien et Tonnay-Charente, sur la rive droite du Fleuve Charente, est principalement constitué de formations calcaires datées de différents étages stratigraphiques du Cénomanien, le premier étage stratigraphique du Crétacé supérieur.
Les faibles élévations du petit massifs calcaires, dont l'altitude maximale est de trente trois mètres (33 m au dessus du niveau de la mer), sur lequel ont été édifiés le bourg de Tonnay-Charente et les villages de Cabario et de Lussant, s'étendent au Nord-Est sur des sous-sols plus anciens, formés pendant la période géologique du Kimméridgien, qui est datée entre - 157,3 millions d'années (Ma) et - 152,1 millions d'années (Ma) et correspond au deuxième étage stratigraphique du Jurassique supérieur (Malm).
Entre les villes de Saintes et Fouras les fonts des vallées de la Charente et de ses affluents ainsi que celui de l'estuaire du fleuve sont principalement constitués d'alluvions déposés pendant l'Ère Quaternaire.
Le substrat des faibles ondulations sur lesquelles a été édifiée la ville de Rochefort, la hauteur maximale du centre ville ne dépassant pas 5 mètres de hauteur (5 m au dessus du niveau de la mer), est constitué de formations calcaires datées de différents étages stratigraphiques du Cénomanien.
Falaise au Sud de l'Estuaire de La Charente
échelonnement stratigraphique des étages du Cénomanien moyen
(Illustration d'après : Francis Loth -modifié-)
En aval de la ville de Rochefort, le substrat formant le lit et les berges de la Charente, ainsi que la base du Marais de la Petite Flandre et celle du Marais de Rochefort, bordant les berges du fleuve, sont constitués par des dépôts d'alluvions fluviatiles et maritimes, formés pendant la Transgression flandrienne qui s'est déroulée au début de l'Holocène, entre - 8.500 ans avant le présent (AP) et - 2.000 ans avant le présent (AP), au dernier étage stratigraphique de l'Ère Quaternaire.
La Transgression flandrienne est l'épisode climatique et géologique qui a débuté vers la fin du Pléistocène supérieur et fait suite à la Glaciation de Würm. Cette transgression marine postglaciaire a commencé vers - 8.500 ans avant le présent (AP) sur le littoral charentais. Elle est associée à un réchauffement climatique global ayant entrainé la fonte partielle des Inlandsis et des Calottes glaciaires et provoqué une remontée planétaire du Niveau moyen des mers.
Les marais situés dans la partie de l'Estuaire du Fleuve Charente, dans son parcours entre Rochefort et Fouras se sont constitués dans d'anciennes dépressions ouvertes par l'érosion au tout début de la Transgression flandrienne.
Les sous-sols et sols de ces marais et des berges du fleuve sont composés par des alluvions déposés dans des formations sédimentaires plus anciennes.
Les dépôts flandriens que l'on trouve sur les rivages de l'Estuaire du Fleuve Charente, entre Port-des-Barques et Rochefort, se sont formés pendant la première partie de l'étage géologique dénommé Méghalayen, le plus récent des trois étages géologiques de l'Holocène, entre - 4.250 et - 2.000 ans avant le présent (AP).
Le Fleuve Charente se jette actuellement dans l'Océan Atlantique entre plusieurs communes littorales, du département de la Charente-Maritime.
Au Sud, de l'Estuaire du Fleuve Charente, la commune de Port-des-Barques, est caractérisée par l'Île Madame, dont les falaises calcaires contiennent de nombreux fossiles d'oursins, de coraux, de rudistes, d'huitres, de nautiles, de dents de poissons, de débris fossilisés de végétaux, tels des fragments de troncs de conifères, et aussi des vertèbres de reptiles aquatiques, notamment le Carentonosaurus, ressemblant à un varan adapté à la vie aquatique, datés de la période la plus chaude du Mésozoïque, au début du Crétacé supérieur et de l'étage géologique Cénomanien.
Au Nord de l'Estuaire, sur sa rive droite, la commune de Fouras est la dernière municipalité continentale bordée en partie par le Fleuve Charente, qui fait sa jonction avec le Pertuis d'Antioche à hauteur de l'Anse de la Coué et du Fort Vauban de Fouras.
Grande Plage de Fouras et falaises du Bois Vert
vues depuis les fortifications du Fort Vauban
(Cliché JLEM)
Les falaises calcaires, entourant sur ses faces Ouest et Sud le site du centre ville de Fouras, ont livré de nombreux restes fossiles, datés de l'étage géologique Cénomanien, constitués de dinosaures tétrapodes, tel des crocodiliens et des Ptérosaures, qui étaient des sortes de reptiles volants.
L'étage géologique Cénomanien, située entre - 100,5 millions d'années (Ma) et - 93,9 millions d'années (Ma), coïncide avec le plus haut niveau marin connu sur Terre pendant les six cent derniers millions d'années (600 Ma), les niveaux des océans et des mers s'élevant à cent cinquante mètres (150 m) au-dessus du niveau moyen actuel.
D'autre part, de nombreux spécimens de la faune et de la flore de l'étage géologique Cénomanien, ont été découverts grâce à leur conservation dans des morceaux d'ambre des Charentes. Cette ambre était à l'origine de la résine exsudée par les arbres et les plantes. Les études des blocs d'ambre fossilisée, retrouvés dans le gisement situé dans les falaises du Bois Vert à Fouras, ont permis d'identifier des espèces de Conifères Cheirolepidiacean, attribués aux genres Classostrobussp et Pagiophyllum. Ce qui permet aux chercheurs de soutenir la thèse que les côtes charentaises du milieu du Crétacé présentaient un environnement côtier instable, exposé à la rudesse des vents et marées et à des conditions saisonnières chaudes et sèches.
Lors des grandes périodes glacières de l'Ère Quaternaire, pendant lesquelles le niveau des océans était inférieur de plusieurs dizaines voir plusieurs centaines de mètres au niveau moyen de l'actuelle ligne de rivages des côtes du département de la Charente-Maritime, l'Estuaire du Fleuve Charente se prolongeait vers l'Ouest pour rejoindre l'Océan Atlantique au-delà des actuelles Île-d'Aix, Île d'Oléron et Île de Ré, s'écoulant dans un paysage très différant de celui que nous connaissons aujourd'hui et dont la description à elle seule mériterait une autre publication sur ce blog !
Glaciers et terres émergées en Europe
lors des périodes glaciaires quaternaires
(Illustration d'après : Glaciers-Climats.com -modifié-)
Orientation bibliographique :
« Géologie de la Charente : histoire des terrains sédimentaires du nord du Bassin Aquitain » ; par Jean-François TOURNEPICHE ; Publication : GERMA, Musée des Beaux Arts d'Angoulême ; Édition : 1998 ;
« The purbeckian site of Cherves-de-Cognac (Berriasian, Early Cretaceus, SW France :a first synthesis » ; par Pierre HANZPERGUE, Jean-Michel MAZIN, Joane POUECH et Thierry LENGLET ; Publication : Travaux et Documents des Laboratoires de Géologie de Lyon ; Mid-Mesozoik life and environments. Cognac (France) ; Édition : 2008 ;
« Le seuil du Poitou : transgressions, émersions et altérations sur le socle Hercynien, l'évolution des bassins aquitain et parisien au Jurassique, impactite de Rochechouart » ; par Francis BICHOT, Patrick BRANGER, J.P. BAILLEUL, Didier PONCET, Robert WYNS et Association « PIERRE DE LUNE » ; Excursion commune AGBP - AGSO du 13 au 15 mai 2010 ; Publication : Association des Géologues du Bassin-Parisien & Association des Géologues du Sud-Ouest ; Édition : 2010 ;
« Etat des lieux de la lithothèque du bassin de la Charente » ; par Jéhanne FÉBLOT-AUGUSTINS, Seong-Jin PARK et Anne DELAGNES ; Publication : HAL SAS - 00531645 ; Édition : 2010 ;
« Cavités et remplissage de la nappe karstique de Charente (Bassin de la Touvre - La Rochefoucauld). Spéléogenèse par fantômisation, archives pléistocène et holocène, role de l'effet de site » ; par Grégory DANDURAND ; Publication : Semantic Scholar - 187719312 ; Édition : 2011 ;
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« Le gisement de Cherves-de-Cognac, Charente » ; par Renaud BOURGEAIS, Romain HOUSSINEAU et Aurélien MORHAIN ; Publié dans : BSGF - Earth Sciences Bulletin - 191, 16 ; Édition : 2020 ;
« Vertébrale paléobiodiversity of the Early Cretaceus (Berriasian) Angeac-Charente Lagerstätte (Southwestern France) : implications for continantal faunal turnover at the J/K boundary » ; par Ronan ALAIN, Jérémy ANQUETIN, Dominique AUGIER, Gilles BAILLY, Renaud BOURGEAIS, Lilian CAZES, Johan DESPRES, Auéeliane GAILLIÈGUE, Jean GOEDERT, Bernard GOMEZ, Florent GOUSSARD, Pierre LAVAUD dit MAZAN, Maxime LASSERON, Thierry LENGLET, Jeremy E. MARTIN, Adán PÉREZ-GARCÍA, Claire PEYRE DE FABRÈGUES, Rafael ROYO-TORRES, Lee ROZADA, Jean-François TOURNEPICHE, Renaud VACANT et Romain VULLO ; Publication : Géodiversitas - Muséum national d'Histoire naturelle , Paris ; Édition : 2022 ;
« Les eaux souterraines en Poitou-Charentes » ; Publié par : SIGES - Système d'information pour la gestion des eaux souterraines en Poitou-Charente-Limousin ; Article : 18 ; Édition : 2023 ;
« Le Limousin et le Poitou-Charentes : un ensemble géologique très diversifié » ; Publié par : SIGES - Système d'information pour la gestion des eaux souterraines en Poitou-Charente-Limousin ; Article : 33 ; Édition : 2023 ;
Cette publication, « La Charente : de la source à l’estuaire, un riche héritage géologique ! », a été initiée par l’association Les Amis de Saint-Eutrope et des Sources de la Charente et la Mairie de Chéronnac, en Haute-Vienne, dans le Parc Naturel Régional Périgord-Limousin, Région Nouvelle Aquitaine.
Auteur : J-L.E. Marcillaud © 2022-2023
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